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Afrique : évolution des affinités et des démarquages
Au milieu des années 1960, quand se furent calmés les troubles causés par une décolonisation trop précipitée d’une partie de l’Afrique, émancipation souvent mal préparée comme ce fut le cas au Zaïre, les nouveaux États, héritiers des structures et des préjugés de leurs colonisateurs, furent confrontés à deux obligations qui devinrent vite contradictoires : la nécessité d’asseoir la légitimité de leur pouvoir sur la création d’une nation qu’il fallait doter d’une personnalité tangible, tirant si possible son originalité, vis-à-vis de ses voisins, des caractéristiques géographiques d’une région que les frontières coloniales avaient délimitée artificiellement mais qu’une administration étrangère avait commencé à modeler ; dans le même temps, leurs dirigeants, sous l’influence d’idéologues afro-américains, laquelle s’exerçait surtout dans les anciennes possessions britanniques de l’Afrique de l’Ouest et le Liberia, étaient mis en demeure de choisir entre s’opposer ou favoriser l’unité politique du continent africain, du moins celle de sa partie véritablement noire.
Le panafricanisme échoua pour de nombreuses raisons, mais il survécut longtemps à l’état latent chez certains membres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ou plutôt parmi les fonctionnaires de cette organisation, bien que celle-ci eût été créée afin que les deux obligations des États-membres pussent devenir complémentaires. Pour obtenir ce résultat, les États avaient en effet décidé, avant toute autre délibération, de garantir l’intangibilité des frontières nées de la colonisation et de s’interdire toute intervention dans les affaires intérieures des autres États-membres, ce qui amortissait les effets du panafricanisme et renforçait à la fois la volonté nationaliste et l’installation de régimes unipartistes qui devaient être consacrés à faire naître un esprit national sur les dépouilles du tribalisme.
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