Armée de terre - La communication dans l'Armée de terre
L’information est une préoccupation essentielle dans les sociétés modernes. Les entreprises comme les institutions ont pris en compte le fait qu’il était désormais primordial d’instaurer un climat de confiance entre elles et l’opinion publique afin de pouvoir agir dans les meilleures conditions.
Par ailleurs, comme les individus deviennent de plus en plus différents les uns des autres dans un contexte d’éclatement culturel, il est vital pour toute organisation de rassembler son personnel sur des objectifs communs et acceptés par l’ensemble, afin de concentrer les énergies.
Ce principe est particulièrement vrai pour l’Armée de terre. À une époque où les menaces directes pesant sur nos intérêts vitaux changent d’intensité, l’esprit de défense de la nation n’émerge pas naturellement et doit, pour le moins, être constamment entretenu, afin que l’Armée de terre soit jugée utile. Par ailleurs, l’efficacité d’un grand nombre de ses composantes, rarement confrontées à des épreuves réelles, doit être en permanence démontrée.
Il est également à souligner que ses personnels deviennent de plus en plus divers dans leurs motivations (appelés et engagés par exemple), leur recrutement, leurs domaines d’activité ou encore dans les technologies qu’ils mettent en œuvre. Faire de l’Armée de terre un corps soudé est une tâche, aujourd’hui plus qu’hier, aussi difficile qu’essentielle.
La communication est donc devenue l’une des priorités du commandement. Elle concerne toute la hiérarchie, qui dispose de l’assistance technique d’un service spécialisé au niveau central, le Service d’informations et de relations publiques des armées (Sirpa) Terre, se prolongeant jusqu’aux CMD (Commandement militaire de défense) par l’intermédiaire des cellules des officiers ACR (Adjoint communication recrutement).
Globale mais adaptée
Les responsables du Sirpa Terre ont décidé de considérer la communication de l’Armée de terre d’une façon globale. En effet, la défense est l’affaire de l’ensemble des Français et il y a perméabilité totale entre communication interne et externe avec, notamment, le flux continu des appelés qui traverse régulièrement l’institution.
Reste que tout message doit s’adapter étroitement aux références de celui à qui l’on s’adresse comme à l’image qu’il a du sujet traité ou de l’émetteur. Il est évident que nous n’avons pas la même image d’une statue selon que l’on se situe à l’intérieur ou à l’extérieur de celle-ci ; il importe donc d’adapter le discours et d’éviter toute contradiction.
Il s’agit en fait pour tout service de communication de se livrer aujourd’hui à l’exercice délicat consistant à passer du chant à une voix à celui plus élaboré à deux voix en veillant, bien sûr, à l’harmonie. Cette considération est particulièrement importante pour l’Armée de terre, en raison de la spécificité des militaires qu’il serait vain, voire malhabile, d’ignorer.
Contrôle
Le but de toute communication institutionnelle est de renforcer la réalité par l’image et de faciliter ainsi la bonne marche du système sur lequel on agit. Il est donc primordial que les images reflètent parfaitement la réalité ; des images et des discours s’en éloignant présenteraient un danger évident et détourneraient de son but réel tout service de communication, ainsi dévoyé. C’est pourquoi des sondages portant sur la presse militaire sont effectués tous les deux mois au sein de l’Armée de terre par le biais des diverses inspections afin de se prémunir contre ce danger. Ces enquêtes sont par ailleurs complétées tous les trois ans par celles, plus scientifiques, du CRH (Centre de relations humaines).
Communication, information
Pour la même raison, le Sirpa Terre veille aussi à bien différencier la communication de la simple information. La première agit sur le moyen terme ; elle vise à donner une image de l’institution voulue par la hiérarchie, afin de favoriser l’unité des militaires malgré une diversité qui s’accentue au fil des années sous la double pression technologique et sociologique. La seconde agit, quant à elle, sur le court terme ; ses objectifs sont beaucoup moins ambitieux : elle prétend simplement faciliter la bonne marche du système, en donnant le plus rapidement et le plus fidèlement possible aux récepteurs les éléments leur permettant de travailler efficacement.
Le fait d’utiliser des canaux différents pour la communication et l’information permet d’éviter une interaction toujours possible entre ces deux entreprises bien distinctes. L’information peut jouer par ailleurs un rôle de « garde-fou » vis-à-vis de la communication. Les faits sont têtus, les idées le sont moins… Là est l’explication de la cohabitation entre les deux principaux journaux internes de l’Armée de terre : Terre Information d’une part et Terre Magazine d’autre part.
Écrit ou audiovisuel ?
Un autre parti pris est de résister « au chant des sirènes » de l’audiovisuel et de continuer à miser en priorité sur l’écrit. L’audiovisuel est certes très efficace dans la dimension affective des messages qu’il véhicule, mais son exploitation demeure lourde et chère, tant dans la production que dans la diffusion. Les contraintes budgétaires ne permettront pas de sitôt la distribution individualisée de cassettes et leur projection nécessitera encore longtemps un rassemblement, une salle, une programmation dans les emplois du temps déjà chargés des unités, avec le manque de souplesse que cela entraîne. L’époque est plus à l’approche individualisée de l’information et à sa banalisation, sauf circonstances exceptionnelles.
Adaptation aux objectifs
Le Sirpa Terre considère plus important de multiplier les produits écrits de communication interne pour s’adapter plus étroitement aux objectifs de l’Armée de terre. L’année 1991 a ainsi vu naître deux nouvelles publications destinées particulièrement aux réserves d’une part, aux appelés d’autre part. Il s’agit de Terre Info Réserve et de Tremplin Magazine qui complètent les créneaux laissés vacants par Terre Information et par Terre Magazine plus particulièrement à l’adresse des cadres.
Il faut prendre garde toutefois à ce que cette multiplication des canaux ne favorise pas – par souci d’efficacité – la dispersion des messages, ce que le Sirpa Terre cherche à éviter. Dans la communication comme ailleurs, le mieux peut être l’ennemi du bien. ♦