Les enjeux de la présence militaire en Afrique sont présentés ici ainsi que la nécessaire consolidation d’une coopération militaire experte.
Repenser la coopération militaire entre la France et l’Afrique
Rethinking Military Cooperation between France and Africa
The issue of military presence in Africa is presented here as the necessary consolidation of an expert military cooperation.
La présence militaire française en Afrique a été conçue au début des indépendances pour rassurer les chefs des jeunes États africains et garantir une assistance à la construction de leurs armées (1). Il s’agissait aussi, pour la France, de conserver une influence, particulièrement dans le cadre de la guerre froide.
Au fur et à mesure des années, le dispositif a évolué en tenant compte de l’autonomie acquise progressivement par les armées africaines, mais aussi de contraintes budgétaires. Cependant, ce qui caractérise principalement cette évolution, c’est le fait qu’elle a été conduite sur la base de préoccupations françaises sans que celles des États africains soient réellement prises en compte. Aujourd’hui, son volume et ses capacités ne sont plus à la hauteur du souci de voir ces éléments faciliter l’influence de la France ; influence qu’il ne faut pas considérer comme la résultante du jeu d’une puissance supérieure, mais comme la manifestation de la préoccupation politique de cheminer ensemble vers des objectifs compatibles.
Parallèlement, en Afrique, des responsables politiques critiquent la France pour son action qualifiée de néocolonialiste ; ces accusations sont utilisées à des fins politiques soit pour jeter le discrédit sur les actions en cours, comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire ou en Libye, soit pour chercher à limiter le rôle de la France et développer d’autres réseaux d’influence. Les Africains eux-mêmes ne sont pas dupes comme l’a écrit Patrice Nganang : « Comme il est naïf de remettre à ses pieds les chaînes du colon, pour entamer une fois de plus la bataille de l’indigène, bien que l’on soit né indépendant et ait grandi indépendant » (2). Nombre de pays africains considèrent encore la France comme un recours, une nation dont la compréhension et l’appui sont importants ; cela lui confère des responsabilités particulières. La France ne doit pas oublier qu’elle a l’obligation de continuer à aider les pays africains à avancer dans la paix, vers leur avenir.
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