La tentation d’un recours accru aux supplétifs va aller grandissante pour répondre aux défis actuels. Cette approche indirecte des guerres nouvelles comporte des risques importants pour notre société. Il convient dès à présent d’en mesurer la portée.
La dangereuse tentation des supplétifs
The Dangerous Temptation of the Auxiliaries
The temptation to resort to the auxiliaries will grow in response to current challenges. This indirect approach to new wars includes important risks for our society. As of now, one must consider the importance of these risks.
Les armées cherchent à se reconfigurer depuis la fin de la guerre froide, mais elles peinent à définir un nouveau modèle stable d’organisation. La tentation d’un recours accru aux supplétifs va grandissante pour répondre aux défis actuels. Cette approche indirecte des guerres nouvelles comporte des risques importants pour notre société. Il convient dès à présent d’en mesurer la portée.
Les « supplétifs » : ce mot évoque pour certains les auxiliaires germains de César, mais le plus souvent, il est associé aux guerres de colonisation et surtout de décolonisation. Dans ces dernières, le renfort de troupes locales s’est souvent présenté comme la solution au déficit chronique d’effectifs combattants. Présentée comme telle, une résurgence des partisans Muongs d’hier peut faire sourire. Cependant, ce concept, sous une version modernisée, est déjà à l’œuvre via l’externalisation d’une partie des fonctions combattantes au profit d’unités locales dans la zone des combats.
En effet, les armées occidentales, confrontées aux évolutions actuelles des conflits, se révèlent incapables de vaincre, comme l’expliquait récemment le général Desportes. Pensées et organisées depuis leurs origines comme des machines à remplir les missions fixées par leurs employeurs, que ce soit gagner des guerres, maintenir l’ordre intérieur voire aménager le territoire, ces institutions se sont adaptées à leurs environnements changeants. Elles seront bien sûr amenées à de nouveau évoluer vers un format resserré. La pression est forte des autorités politiques, pressées d’en retirer des dividendes tant financiers que politiques. Le choix d’une stratégie indirecte devrait donc aller en se renforçant. L’idée n’est pas ici de trouver la solution à ce problème d’organisation, mais de définir les formes que prend cette externalisation de la guerre, les causes qui motivent ces changements et surtout les risques que comporte cette séduisante stratégie de court terme.
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