Aéronautique - Le système de transport de surface de l'Armée de l'air
Pour remplir ses missions, l’Armée de l’air a besoin d’une logistique performante couvrant tous les domaines qui participent à la vie et à l’action des forces. Ses besoins de transport sont importants car un flux soutenu de matériel, de munitions et de rechanges circule entre les organismes industriels, les entrepôts et les bases aériennes, utilisant l’ensemble des moyens de transport civils et militaires, routiers, ferrés, aériens et maritimes.
En métropole, pour transporter ses matériels techniques, l’Armée de l’air a privilégié un dispositif de transport par voie routière appelé Système de transport de surface de l’Armée de l’air (Sytsaa). Fondé sur un réseau fixe de lignes régulières complétées quand cela est nécessaire de lignes à la demande, articulé autour de 5 centres de transit implantés sur les entrepôts principaux, il permet de desservir tous les correspondants de la logistique technique. Il est intéressant de noter que tous les matériels sont ainsi livrés directement aux unités implantées sur les bases aériennes.
Un organisme central, le Centre d’opérations du transport de surface de l’Armée de l’air (Cotsaa) implanté à Creil (Oise) depuis la dissolution de la base de Saint-Cyr (Yvelines), a la responsabilité de coordonner et d’assurer la régulation de ces lignes de transport et de déclencher les missions à la demande. Si nécessaire, il est habilité à décider du recours à des moyens complémentaires : Commandement du transport aérien militaire (Cotam), autres armées, SNCF, Service national des messageries (Sernam), La Poste et sociétés de transport civiles.
Le Sytsaa dispose en propre de moyens routiers qui ont pu ainsi être optimisés pour chacun des organismes desservis. Armés par 280 personnes, dont 210 militaires du rang, ces 60 véhicules ont, en 1992, transporté 50 000 tonnes de matériel.
Une structure indispensable
La nécessité de disposer d’un système de transport de surface, partie intégrante du système logistique, s’est rapidement imposée à l’Armée de l’air en raison de la politique des stocks adoptée dans le domaine des rechanges aéronautiques.
Pour le matériel réparable, représentant le poids financier le plus important des rechanges d’un avion, l’Armée de l’air approvisionne lors de la mise en service des unités, et une fois pour toutes, le stock qui va permettre d’avoir devant soi en permanence du matériel nécessaire pour assurer trois mois d’activité aérienne du temps de paix. Les rechanges qui tombent en panne sont alors réparés sur base ou dans l’industrie et reviennent en approvisionnement suivant un cycle continu tout au long de la vie de l’avion. Un volant supplémentaire de matériel doit donc être acheté, également lors de l’approvisionnement initial, pour compenser l’immobilisation des matériels dans les circuits de réparation ou de transit.
Les analyses d’approvisionnement initial, menées par l’Armée de l’air ou les services techniques, démontrent que les jours gagnés dans les délais de transit et de transport (et évidemment de réparation) permettent des réductions importantes de ce volant nécessaire, entraînant des incidences financières majeures compte tenu du prix des rechanges aéronautiques.
Dans le cadre de la règle générale qui vient d’être décrite, il arrive que, en raison d’aléas technologiques ou industriels, la situation logistique d’une pièce se dégrade totalement sur une base. Une mise en place urgente est alors décidée par le Centre de gestion par prélèvement sur le stock d’un entrepôt ou d’une base aérienne plus favorisée. Les délais de transport ont alors une influence évidente et directe sur la disponibilité des forces.
Dans ces conditions, la maîtrise du transport paraît indispensable puisque celui-ci conditionne à la fois la disponibilité des moyens et le niveau des stocks. L’Armée de l’air a confié cette responsabilité à une autorité unique, le Service du matériel, en charge du soutien des forces en matériel technique, assurant ainsi la cohérence de l’ensemble des décisions concernant la chaîne logistique allant de l’approvisionnement initial et la réparation à la manœuvre des ressources.
Ce système de transport a été doté de moyens autonomes pour lui permettre, en temps de paix, de s’adapter de manière souple et rapide aux nécessités nées des variations d’activité. En temps de crise ou de guerre, l’Armée de l’air pourrait, sans discontinuité et sans dépendre d’autres structures de transport ayant alors leurs propres priorités, effectuer la montée en puissance des moyens de soutien logistique sans modifier l’organisation du temps de paix. Cette capacité a été démontrée de nombreuses fois lors d’exercices nationaux ou pendant la guerre du Golfe.
Le rapport Loquet (1991) du Contrôle général des armées (CGA) permet d’observer que la Royal Air Force (RAF) a organisé un système analogue, les Britanniques ayant choisi, pour des raisons d’efficacité, une solution qui laisse chaque armée disposer de sa propre fonction transport, excepté pour l’outre-mer.
Vers une plus grande intégration
Les coûts croissants du matériel aéronautique et la réduction des ressources financières créent des tensions de plus en plus fortes sur les flux de matériel et conduisent l’Armée de l’air à accorder de plus en plus d’importance à l’efficacité de son système de transport.
Une première étape d’amélioration vient d’être conduite. Elle a consisté, sur les principes d’organisation actuels et à partir des résultats d’un travail de recherche opérationnelle, à optimiser le tracé du réseau pour assurer, à moindre coût, une meilleure desserte des bases aériennes. Par ailleurs, un emploi plus systématique de militaires du rang techniciens a permis un gain d’effectifs de 40 personnes.
La seconde étape, plus complexe, est à l’étude. Elle va consister à intégrer encore plus le transport dans le système logistique. Le système de gestion en cours de rénovation (projet Sigma) devra intégrer le transport dans ses traitements informatiques et imposera pour chaque matériel les délais à respecter (date au plus tard de livraison). Recevant automatiquement ces données, un système de planification, à réaliser, devrait permettre au Centre d’opérations d’élaborer des plans de transport à court terme adaptés à la demande et non plus tributaires de lignes régulières. Les forces pourraient ainsi être servies rapidement dans les meilleures conditions de rentabilité. Cette maîtrise de la planification fournira, en plus, la possibilité d’intégrer ultérieurement avec plus de facilité d’autres besoins de transport ne procédant pas de la logistique des matériels techniques.
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L’expérience du passé et le souci de considérer le transport des matériels techniques comme un maillon du soutien logistique ont, très tôt, conduit l’Armée de l’air à mettre en place une structure particulière, le Sytsaa, qui donne d’excellents résultats. La recherche permanente de rentabilité, la tension croissante sur les investissements consacrés aux rechanges, les possibilités des moyens de traitement informatiques conduisent l’Armée de l’air à entamer son évolution profonde de manière à l’intégrer encore davantage au système de gestion et assurer ainsi une efficacité accrue du soutien logistique des bases aériennes et de leurs unités de combat.
Paul-Émile de Montlebon
Information
Le service historique de l’Armée de l’air organise une exposition sur la bande dessinée et l’aviation, intitulée : La BD prend l’air. Elle aura lieu au pavillon du Roi, au château de Vincennes, du 16 octobre au 14 novembre 1993. Plusieurs auteurs et dessinateurs participeront à des séances de dédicace.