Les porte-avions dans la guerre navale
Six ans de guerre sur mer permettent de reviser certaines définitions. Le navire porte-avions est un bâtiment de surface dont l’armement principal est constitué par des avions. Cette définition dérive de celle que l’on peut, par analogie, donner du cuirassé ou du croiseur, à savoir que ce sont des navires de surface dont l’armement principal est constitué par des canons. De même que le navire armé de canons s’est, au cours des trois derniers siècles, différencié en plusieurs types : vaisseaux, frégates, corvettes, au temps de la voile, puis cuirassés, croiseurs, contre-torpilleurs, escorteurs au temps de l’hélice, de même, au cours des trois dernières années, le navire armé d’avions a déjà commencé à se différencier suivant trois types : le porte-avions de combat lourd, le porte-avions de combat léger et le porte-avions d’escorte.
C’est ainsi que, dans la marine américaine, le porte-avions de combat lourd est représenté, sous sa forme la plus moderne, par le type Essex, de 27.000 tonnes, mis en service en 1943 et par le type Midway, de 45.000 tonnes, de 1945-1946. Ces deux types de bâtiments sont devenus l’épine dorsale de l’U. S. Navy. Ils correspondent aux cuirassés dont les deux types les plus récents sont les bâtiments de 45.000 tonnes de la classe Iowa et ceux de 35.000 tonnes de la classe Washington, et aux croiseurs-cuirassés de 26.000 tonnes de la classe Alaska. Quant au porte-avions de combat léger, il est représenté dans la marine américaine par le type Independence, de 10.000 tonnes, où il constitue la réplique des croiseurs armés de canons de 155 millimètres. Dans la marine britannique, le porte-avions de combat lourd est représenté par le type Illustrious, de 23.000 tonnes, de 1940, auquel succède le nouvel Ark Royal, de 33.000 tonnes, de 1945 et le Malta, de 45.000 tonnes, de 1946. Le porte-avions léger est figuré par les types Colossus, de 14.000 tonnes, de 1945, et Hermes, de 18.000 tonnes, de 1946, dits Light Fleet Carrier. Quant au porte-avions d’escorte, il fait dans toutes les marines, à partir de 1941, l’objet d’une véritable génération spontanée, suivant une variété de types que nous préciserons plus loin. Au terme de cette guerre, qui fut essentiellement intercontinentale et aéronavale, il convient d’examiner le rôle du porte-avions de combat sous tous ses aspects — lourd, léger et escorte. On constatera que le porte-avions de combat lourd y a joué véritablement le rôle de capital-ship à la place du cuirassé classique armé de canons, le porte-avions de combat léger celui de croiseur rapide, et le porte-avions d’escorte celui de croiseur auxiliaire.
Le porte-avions de combat
Avant la dernière guerre, la plupart des marines croyaient à la subordination du navire porte-avions au navire cuirassé. La thèse américaine elle-même était que le cuirassé constituait le « back-bone » (épine dorsale) de la flotte. La guerre du Pacifique a balayé cette conception. C’est en décembre 1941 que l’emploi stratégique du navire porte-avions, jusqu’alors considéré comme « auxiliaire », est devenu « autonome » et indépendant de la manœuvre du navire de surface armé de canons. Il a fallu le désastre de Pearl Harbour pour précipiter une révolution que, dans toutes les marines, les esprits conservateurs cherchaient à retarder.
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