Présentation
Nous sommes heureux de vous accueillir pour cette soirée-débat consacrée à ce sujet en pleine évolution — peut-être en pleine révolution — que constituent la nouvelle politique des armements, leur choix et leur maîtrise.
Nous sommes arrivés en effet à une année charnière dans ce domaine : au début de l’année 1996, le Parlement vote une nouvelle loi de programmation élément de départ, à forte connotation politique, d’une réforme fondamentale de notre système de défense. Le président de la République en personne s’engage dans cette réforme. À la fin de cette année 1996 et au début de l’année 1997, sont annoncées de grandes transformations du tissu industriel de l’armement.
Dans cette nouvelle situation économique et géopolitique, le paysage de l’armement va donc être profondément remanié et modifié. En ce qui concerne les restructurations, deux grandes tendances se dégagent et schématisent les mutations de ce secteur industriel en pleine effervescence, mutations rendues nécessaires depuis que la période dite de la guerre froide a cessé et a amené, dans une redéfinition des politiques de défense, des réductions draconiennes des budgets d’armement. Ces deux tendances qui se sont traduites par des choix, opposent les industries américaine et française. L’américaine a choisi l’intégration verticale — la fusion Lockheed-Martin illustre ce choix —, mais peut-être est-elle en train de préparer une autre forme d’intégration — horizontale — avec le rapprochement de Boeing et McDonnell Douglas.
En France où les grandes manœuvres de reconfiguration sont intervenues plus tard, c’est pour l’immédiat vers des regroupements horizontaux que l’on se dirige, avec redéploiement par grands métiers : la fusion Aerospatiale-Dassault en est peut-être le premier exemple. Le projet de création d’un pôle électronique de défense avec la cession du groupe Thomson en est un autre exemple.
Quoi qu’il en soit et sans chercher à traiter moi-même le sujet qui nous préoccupe ce soir, la maîtrise des grands programmes d’armements, une fois qu’ils auront été décidés donc choisis, passera inéluctablement par une recherche forcenée de limitation des coûts et donc de l’optimisation de la taille et des domaines de compétence des grandes entreprises industrielles qui en ont ou en auront la charge.
Je vais donc laisser la parole à nos trois intervenants qui vont nous présenter, bien sûr, les aspects étatiques, industriels et politiques des choix et des coûts, du nécessaire et du possible, concernant les armements.
Vous avez reconnu : M. Jean-Paul Gillybœuf, adjoint au délégué général pour l’armement ; M. François Heisbourg, directeur du développement stratégique de Matra défense espace ; et M. René Galy-Dejean, député-maire du XVe arrondissement, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. ♦