Marine - La communication dans la Marine
Prenant en compte le pouvoir des médias et surtout l’évolution des relations humaines dans la société, la communication s’est largement développée au cours de la dernière décennie. Partout banalisée, elle fait également partie de l’environnement en milieu militaire. Les termes de l’instruction du Chef d’état-major de la Marine (CEMM) sur ce sujet sont à cet égard très clairs : « Communiquer n’est pas une mode relevant d’une civilisation où l’audiovisuel règne en maître. C’est une nécessité ; c’est un impératif. La communication à l’intérieur de la Marine est à tous les niveaux partie intégrante du commandement qui, sans elle, ne pourrait être efficace longtemps ».
Des principes affirmés pour la communication interne
Les besoins de communication interne sont dans la Marine les mêmes que dans toute entreprise : savoir écouter, identifier la demande, reconnaître sa légitimité, informer en retour.
L’écoute est pratiquée à la base par tous ceux qui détiennent une parcelle d’autorité, et au sein des structures de participation, à charge pour eux de faire remonter la demande vers le sommet de la hiérarchie. Pour être correctement reçue, l’information interne répond à trois pôles d’intérêt : l’information technique pour développer la connaissance de la Marine et donner aux marins un bon aperçu de leur « entreprise », l’information administrative sur les structures, les règlements, les droits et les devoirs, et enfin l’information sociale sur les conditions de vie.
Une information mal conduite ne circule pas et provoque des questions, elle engendre des réseaux parallèles d’information avec d’inévitables conséquences sur le fonctionnement de l’institution. Pour éviter cela, la Marine cherche à respecter les principes suivants.
– Antériorité : informer les marins avant l’extérieur, voire la presse, pour ce qui les concerne personnellement.
– Exhaustivité : donner aux marins une information la plus complète possible et au moins celle que l’on donne à l’extérieur.
– Réactivité : rapidité de réaction pour éclairer, si nécessaire, le personnel sur les informations parues dans la presse.
Une communication externe dynamique
Pour faire valoir ses intérêts, renforcer son image, obtenir l’adhésion de tous, la Marine, comme les autres armées, doit participer à l’information des citoyens quant à leur propre défense. Les marins, agissant toujours loin des frontières, dans un contexte éloigné des préoccupations immédiates, doivent, plus que les autres armées, expliquer la légitimité de leur mission.
La qualité de l’image de la Marine dans l’opinion a des incidences sur l’adhésion du pays à sa défense, le bien-être du personnel et par voie de conséquence sur le recrutement. L’état de la communication externe de la Marine peut être analysé à partir d’un certain nombre d’indicateurs.
Est-on entendu ? Il faut parler suffisamment fort, mais c’est difficile dans un environnement saturé d’images et de sons. Est-on écouté ? Nos informations, journaux et bulletins sont-ils attrayants ? Est-on compris ? La volonté de communiquer ne suffit pas. Il faut adapter le vocabulaire « Marine » au civil pour montrer que la Marine n’est pas un monde à part. Il ne faut pas avoir peur d’affirmer sa spécificité en expliquant ses caractéristiques et ses traditions, mais il faut surtout fonder sa légitimité sur la reconnaissance publique plutôt que dans ses propres codes. Ce n’est pas parce que les Français apprécient l’efficacité de leur Marine qu’ils en comprennent l’utilité. Est-on cohérent ? Il doit y avoir corrélation entre l’image projetée par la Marine en externe et la réalité vécue par les marins. Que penser de l’adhésion d’un jeune marin qui s’est trompé de voie en raison d’une mauvaise information initiale ? Peut-on parler d’une Marine efficace et moderne si elle est présentée de façon passéiste ?
Les marins doivent développer les échanges avec la société civile pour mieux se faire connaître et lever les préjugés. Les marins d’active et les anciens marins ont à cet égard un rôle fondamental, mais leur communication doit respecter quelques principes. Elle doit être exacte, c’est-à-dire en phase avec la Marine. L’objectif n’est pas de tout connaître mais de savoir où trouver les informations. Elle doit être qualifiée, c’est-à-dire que chacun doit s’en tenir à son niveau de compétence et ne parler que de ce qu’il connaît avec certitude.
Une coordination nécessaire
Tous les acteurs de la communication que sont les commandants, la direction du personnel, l’inspection des réserves, le centre d’enseignement supérieur de la Marine, le Sirpa (Service d’informations et de relations publiques des armées) et le service d’information sur les carrières de la Marine peuvent et doivent pratiquer la communication à leur niveau de compétence et de responsabilité. Celle-ci nécessite néanmoins une coordination rigoureuse pour éviter la dispersion des efforts et les contradictions dans l’explication. C’est dans ce but que la Marine s’est dotée récemment d’une organisation nouvelle et s’impose quelques principes pour mieux répondre aux besoins. Au cabinet du chef d’état-major, un officier « chargé de communication » a pour tâche de proposer au CEMM une politique générale dans ce domaine et des grands thèmes d’actions, de veiller au respect des principes de communication, à la coordination des actions de communication et de rayonnement menées dans la Marine.
L’organisation et les principes de la communication, la politique de communication retenue par le CEMM ont pour buts essentiels de favoriser l’explication sur le rôle de la Marine dans le dispositif de défense, mais aussi de faire comprendre aux marins le sens de leur action, l’évolution de leurs missions et leurs perspectives d’avenir. La Marine rejoint ainsi les préoccupations du ministre de la Défense et de l’ensemble des armées. ♦