Avec la fin de l’affrontement bipolaire Est-Ouest et du face-à-face militaire en Europe, la France ne connaît plus de menace directe à proximité de ses frontières. En revanche, la perception des risques que peut faire peser sur nos intérêts l’instabilité du monde actuel se fait chaque jour plus précise et conduit à évoluer vers un nouveau concept de défense dans lequel les forces classiques retrouvent un rôle stratégique propre, indépendant de la mission de non-contournement de la dissuasion qui, pour autant, ne disparaît pas.

Déjà inscrit dans le Livre blanc sur la Défense de 1994, cet infléchissement de notre politique de sécurité extérieure trouve actuellement sa traduction dans les travaux que mène le comité stratégique chargé de définir, pour le pays, un niveau de capacités opérationnelles adapté aux hypothèses réalistes d’engagement de nos forces classiques. À l’heure où mûrissent les choix sur lesquels se fondera la révision de la loi de programmation militaire, à une époque où les dernières évolutions du conflit en ex-Yougoslavie portent maints observateurs à s’interroger, voire à se prononcer, sur l’efficacité comparée des différents moyens d’intervention militaire, il n’est sans doute pas inutile d’éclairer le débat par une réflexion sur l’emploi des armes aériennes et de consacrer cette rubrique à l’examen de la part que prend aujourd’hui l’aviation de combat dans la gestion des crises.

Depuis le premier et surtout le second conflit mondial, on sait que les caractéristiques propres aux moyens évoluant dans le milieu aérien font de ceux-ci, « par construction », des instruments privilégiés de la projection de puissance. En outre, le progrès technologique récent est venu ajouter un certain nombre de capacités qui valorisent les qualités intrinsèques des armes aériennes et élargissent sensiblement leur champ d’emploi, fournissant ainsi aux décideurs une gamme d’options jamais égalée à ce jour.