Armée de terre - L'enseignement assisté par ordinateur dans l'Armée de terre
Dans une armée moderne, les systèmes d’information prennent une place primordiale, en particulier dans les modes d’acquisition et de transmission des connaissances. Dans ce domaine, les moyens ne cessent de se perfectionner et de se diversifier.
Place de l’Enseignement assisté par ordinateur (EAO) dans la formation
L’adoption des systèmes d’information pour la formation constitue un aboutissement, le résultat d’une démarche pédagogique globale consistant à mettre en évidence les connaissances à acquérir, à définir les objectifs pour une qualification professionnelle et fonctionnelle : c’est le projet de formation.
Les savoir-faire à acquérir en découlent. Les parcours de formation et, donc, les objectifs pédagogiques doivent être adaptés aux populations concernées. Le choix du ou des supports appropriés, pour maintenir l’attention et la motivation des élèves, est essentiel pour l’apprentissage de chaque tâche élémentaire. Cela pourra être un transparent, un vidéogramme, un simulateur ou un produit EAO : il s’agit, pour l’optimisation recherchée, de déterminer et de mettre en place le système présentant le meilleur rapport coût-efficacité.
L’EAO, disposant de capacités audiovisuelles et informatiques, n’est qu’un moyen complémentaire et connexe. Il ne répond pas à tous les besoins de formation : il est inadapté à l’acquisition d’un « savoir-être », où l’apprentissage se fait grâce à des situations de relations interpersonnelles ; il est en revanche idéal pour l’acquisition du savoir-faire, créant des comportements observables (procédures, méthodes…) ou des connaissances peu susceptibles d’évolution rapide. Implanté judicieusement dans un cursus de formation, il comporte des atouts pour l’utilisateur et concourt à l’amélioration de la qualité de la formation.
L’EAO permet l’acquisition des connaissances par une pédagogie interactive. Guidé par le « didacticiel » (programme informatique à vocation pédagogique), l’élève organise son apprentissage avec l’ordinateur. Il n’est plus passif, il devient acteur de sa propre formation : une dynamique de travail s’instaure pendant les séances.
L’EAO offre également la possibilité de progression adaptée au rythme de l’élève. Les enchaînements des séquences peuvent être soit commandés par l’utilisateur lui-même, soit variés en fonction de critères propres à chacun. L’EAO libère le formateur des tâches fastidieuses, comme la répétition d’activités, tout en suivant pas à pas la progression de chaque élève. Il peut également automatiser tout ou partie des interrogations, tests ou contrôles, ainsi que leurs corrections, ou concrétiser une démonstration du formateur.
L’EAO a vu le jour dans les armées au cours des années 1980. Sa création est l’aboutissement d’un programme expérimental lancé à cette époque par l’état-major de l’armée de terre (EMAT). Il a permis de maîtriser les techniques EAO, de définir une politique et d’arrêter les besoins correspondants. Il a débouché sur le projet Siam (Système informatisé assisté multimédia).
Le projet SIAM
But et objectif du projet
Ce projet doit, d’ici à 1997, doter en équipements standards d’EAO l’essentiel des formations de l’armée de terre. Les écoles bénéficieront de configurations de production et de restitution, les corps de troupe et états-majors de configurations adaptées de restitution.
Il a pour but de faciliter la diffusion et l’échange de « didacticiels » entre toutes les unités de l’armée de terre. Pour ce faire, l’uniformisation des matériels et des logiciels auteurs a été le fil conducteur permanent.
Siam servira de référence pour tout enseignement assisté par ordinateur réalisé dans un projet de formation ou en accompagnement d’un programme d’armement.
Organisation du fonctionnement
La mise en place d’un nombre important d’équipements répartis sur tout le territoire métropolitain et en Allemagne pendant quatre années, la réalisation de « didacticiels » ainsi que leur diffusion, nécessitent la résolution d’un certain nombre de difficultés d’organisation de l’environnement (mise aux normes de l’infrastructure, réalisation du mobilier, formation aux techniques d’EAO…).
L’armée de terre ayant adopté la méthodologie de développement de système SDM/S pour la conduite de ses projets, le projet Siam est managé par un comité directeur présidé par l’état-major de l’armée de terre responsable des grandes orientations et de la validation du plan d’équipement ; un comité de pilotage présidé par le commandement des organismes de formation, regroupant maîtrises d’ouvrage et d’œuvre, véritable cheville ouvrière du projet.
Cette structure s’appuie sur quatre documents essentiels :
— la charte de fonctionnement : document unique nécessaire au bon déroulement du projet Siam, elle est diffusée dans tous les organismes bénéficiaires d’une configuration ; elle décrit la structure de conduite du projet ainsi que les acteurs intervenant dans le déploiement, le suivi ou le pilotage du projet ; en outre, elle précise l’organisation, les dispositions prises pour la réalisation et la diffusion des « didacticiels » ;
— la charte de qualité : document évolutif, elle décrit l’organisation à mettre en place pour la conduite d’un projet multimédia et énonce les règles à respecter pour le développement d’un produit EAO ; face à la diversité des acteurs (décideurs, formateurs, élèves…), cette charte de qualité est indispensable ; elle assure, par la standardisation des procédures, la réalisation, la diffusion, et l’utilisation de « didacticiels » de qualité et garantit ainsi la facilité de prise en main de tout « didacticiel » quelle qu’en soit la réalisation ;
— le plan d’équipement : document annuel, il fixe la mise en place des moyens de production et de restitution dans les établissements précités ;
— le plan de production : document annuel dont l’objectif est de coordonner, maîtriser et gérer la réalisation des produits EAO demandés par les utilisateurs, notamment pour tenir compte du problème majeur que représente la durée de développement d’un « didacticiel » (1 heure d’EAO = 300 heures de développement), qui ne permet pas la dispersion des efforts.
Les « didacticiels »
L’uniformisation des équipements et le respect du standard permettent l’utilisation et la diffusion des « didacticiels ». Ceux-ci relèvent soit de l’instruction générale, soit de l’instruction technique, voire tactique. Ils sont soit réalisés par une école, soit acquis dans le domaine commercial, soit sous-traités par un industriel.
La diffusion de « didacticiels », initialement sous-traités par une société civile, a d’abord été assurée par voie hertzienne. Cette solution s’est rapidement révélée trop onéreuse compte tenu de l’augmentation rapide de la masse de données à diffuser. Après étude, le choix du disque optique compact comme support de diffusion s’est imposé. Dans l’attente de la réalisation effective d’une procédure utilisant celui-ci, la diffusion de « didacticiels » est actuellement conduite par échange de cassettes numériques, certains standards étant installés par le maître d’œuvre dans ses locaux avant livraison des configurations.
Un projet ambitieux
Siam est un projet ambitieux dont la vocation est la mise en place de configurations multimédias à des fins pédagogiques. L’adoption de standards assure la cohérence du parc et garantit le port aisé des productions. Par ses possibilités d’interaction, l’EAO, comme la simulation, permet d’adapter l’enseignement au niveau et à la faculté d’assimilation de chaque élève. Il ne peut se substituer aux exercices pratiques, dont il n’est qu’un complément. Il permet néanmoins de rentabiliser ceux-ci, d’améliorer l’efficacité de l’instruction et de réduire l’utilisation, toujours coûteuse, des matériels opérationnels. ♦