Marine - L'aéronautique navale : évolutions et perspectives
Un atout majeur dans le nouveau dispositif des forces armées
L’aéronautique navale participe activement à l’exécution de chacune des quatre grandes fonctions opérationnelles.
Au titre de la dissuasion : les avions du porte-avions mettent en œuvre l’armement nucléaire avec le couple Super-Étendard-ASMP aujourd’hui et, à partir de 2008, avec le Rafale équipé de l’ASMP amélioré ; les avions de patrouille maritime représentent le système principal d’acquisition du renseignement dans nos approches, ils en fondent la sûreté.
Au titre de la prévention : les avions de patrouille maritime peuvent être occasionnellement déployés dans les zones de crise potentielle, en renfort des moyens affectés et en complément d’autres moyens navals ; à partir d’un certain stade de la gestion des crises, le porte-avions peut être déployé pour participer à la manœuvre empêchant la montée aux extrêmes ; la simple menace d’un emploi offensif de son groupe aérien peut alors se révéler décisive.
Au titre de la projection : les avions du groupe aéronaval constituent la pointe avancée de la projection de puissance dans la profondeur du dispositif adverse ; cette capacité sera accrue lorsque les Rafale seront dotés du missile de croisière à longue portée ; les avions de patrouille maritime sont également « projetables », mais à la condition, comme pour les avions de l’armée de l’air, de pouvoir disposer d’une base d’accueil dans le théâtre d’opérations ; toutefois, cette réserve est tempérée par le grand rayon d’action de ces avions de la marine qui peuvent, de ce fait, être déployés sur un nombre beaucoup plus important de plates-formes.
Au titre de la protection : les avions de surveillance maritime participent à la sûreté de nos approches en métropole et outre-mer ; tous les moyens participent à l’exécution des missions de service public et sont les acteurs essentiels du sauvetage en mer, grâce à leurs capacités et à leur rapidité d’intervention.
Partie intégrante du système de combat de leurs bâtiments porteurs, les hélicoptères de combat participent également à l’exécution de chacune des grandes fonctions opérationnelles, au même titre que les unités à bord desquelles ils sont embarqués.
Une composante à part entière de la marine
L’histoire maritime a démontré la validité du concept d’une aéronautique navale qui exerce sa mission en parfaite symbiose avec les autres forces à la mer : un même langage, une même formation, une même culture sont à la base de cette unité de pensée dans la conception et l’exécution d’une manœuvre en mer et à partir de la mer. Aussi, c’est enracinée dans cette tradition que se développe la modernité : modernité de la réflexion stratégique, mais également des moyens techniques, puisqu’en une décennie tout le parc de combat de l’aéronautique navale sera renouvelé. Grâce à l’effort financier consenti par la marine, de nouveaux appareils, de nouveaux missiles, de nouveaux équipements aux performances incomparablement supérieures à celles de leurs prédécesseurs sont en cours d’achèvement, en fabrication ou en développement.
Une force qui recherche les synergies avec les autres armées
Les aspects interarmées et interalliés sont au centre de la réflexion sur la planification opérationnelle. Personne ne peut concevoir de faire cavalier seul dans les engagements modernes où prédomine la conjugaison des compétences, du savoir-faire et des armements. La complémentarité de notre aéronautique navale avec les forces de l’armée de l’air et de l’armée de terre devient une priorité.
Dans le domaine de la formation, la marine ne conserve en propre que les organismes nécessaires à l’apprentissage de la spécificité de son milieu. Depuis cette année, tous les pilotes de l’aéronautique navale bénéficient d’une formation initiale dispensée dans les autres armées.
Un nouveau dispositif plus ramassé
Comme l’ensemble de la marine, l’aéronautique navale est engagée dans une profonde restructuration avec des ressources budgétaires en diminution d’environ 20 %. Le modèle présenté dans la loi de programmation militaire impose une sensible réduction de format. Privilégiant l’avenir, la marine a décidé de réaliser le plus rapidement possible le futur format. Il fallait pour cela définir un dispositif adapté le mieux possible au modèle visé, puis dégager les voies et moyens pour y parvenir. C’est le but du schéma directeur de l’aéronautique navale qui a été édité en avril dernier.
La mise en place rapide du nouveau dispositif permet d’escompter le gain d’un millier de postes dans l’aéronautique navale d’ici à 2001, hors économies de professionnalisation. Ce gain est permis par le resserrement des unités et par le regroupement des opérations techniques par centres de compétence. Ainsi le rapport entre le nombre d’hommes et celui des appareils, indicateur global de productivité, restera exemplaire. À l’horizon 2002, la marine mettra en œuvre une centaine d’avions et une centaine d’hélicoptères, servis par environ 8 500 personnes, soutien technique, vie et protection compris, répartis pour l’essentiel dans six bases opérationnelles.
Les formations de réacteurs embarqués compteront, à terme, trois flottilles de Rafale.
La flottille de Hawkeye sera implantée à Lann-Bihoué dès 1999. Une flottille d’Alizé sera maintenue à Nîmes-Garons pour la période de réactivation du Foch ; elle n’embarquera pas sur le Charles de Gaulle.
Sur chaque façade maritime, une flottille d’hélicoptères constituera l’armement des frégates de premier rang, une autre armera les frégates de deuxième rang et de surveillance et une troisième regroupera toutes les autres fonctions. La flottille dévolue aux opérations spéciales et au SAR de combat ne sera pas maintenue : une réflexion est en cours au sein des armées pour apprécier l’opportunité de confier ses missions à une unité unique interarmées.
Une flottille de patrouille maritime sera implantée sur chaque façade maritime.
Tous les réacteurs de surveillance maritime (Gardian et Falcon 50) seront réunis dans une même unité qui entretiendra, outre-mer, des détachements. Les autres avions de surveillance maritime (Nord 262 E) seront regroupés à Hyères dans une autre flottille.
Les capacités de liaison d’aide au commandement ne reposeront plus que sur 8 Xingu qui, pour les besoins des trajets Bretagne-Méditerranée, mal desservis par les opérateurs civils, seront répartis entre les flottilles de surveillance maritime.
Une perspective claire concrétisée par des "contrats"
La perspective est désormais claire. L’aéronavale s’engage énergiquement dans l’évolution rapide qui la conduira vers un format, certes bien plus réduit, mais qui devrait lui permettre de mettre en œuvre efficacement, tout en minimisant les coûts de fonctionnement, des appareils aux capacités militaires notablement accrues et particulièrement bien adaptées à la nouvelle donne stratégique.
Très concrètement, de véritables « contrats » sont progressivement donnés à chacune des bases, fixant de façon réaliste et mesurée le niveau des capacités opérationnelles et logistiques qui en sont attendues, et garantissant ainsi la meilleure utilisation des ressources humaines et matérielles. ♦