Destinée à créer une communauté de pensée tendue vers l’action commune, articulée sur des grands principes et des réflexes utiles, la doctrine peut aussi être détournée en une technique prescriptive qui entrave l’imitative et comprime l’emploi des forces. L’auteur nous livre son analyse et promeut la force libératrice de la doctrine.
La doctrine est-elle une sclérose de la pensée ?
Is Doctrine a Sclerosis of Thought?
Destined to create a community of strict thought towards joint action, articulated in grand principles and useful reflections, doctrine can also be diverted to a prescriptive technique which interferes with the imitative and compresses the employment of forces. The author delivers us his analysis and promotes the liberalizing force of doctrine.
« Toutes les doctrines, religieuses ou profanes, portent en elles les germes du dogmatisme et de l’intolérance ». Cette citation d’Amin Maalouf s’applique-t-elle à la doctrine militaire ?
Le mot « doctrine » provient du latin doctrina, « enseignement », « théorie », « méthode », « formation » et de docere, « enseigner ». Il n’est donc, étymologiquement, nullement question de dogme ou de principes rigides imposés par une autorité supérieure, et la vertu première de la doctrine doit donc résider dans son caractère d’enseignement. En conséquence, si la doctrine engendre une sclérose de la pensée et ne s’inscrit plus dans une logique d’efficacité militaire, c’est qu’elle a été dévoyée de son objet premier.
Car la doctrine n’est que le valet de la stratégie, ou le « chevalet » si l’on considère que le stratège est un artiste. Or, la stratégie est soumise à l’objectif politique qui, par nature, de même que le monde qui l’environne, est en perpétuelle évolution. La doctrine doit donc s’adapter à ses maîtres – le stratège et le politique – tout en se confrontant à la réalité. Elle ne saurait donc se figer tel un dogme, mais au contraire doit faire l’objet d’une recherche permanente de maturation intellectuelle. Cette maturation ne peut s’obtenir que par la confrontation des idées. Ainsi, à l’opposé de tout schéma engoncé de la pensée, la doctrine doit, à l’inverse, être un vecteur de libération de celle-ci.
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