Le terrorisme est une méthode de combat du faible au fort qui utilise la surprise et l’horreur comme facteurs multiplicateurs pour créer « la terreur ». Au terrorisme imprégné de l’image « romantique » de la révolution, un phénomène marqué en Italie dans les années 1970, s’est substituée une subversion difficilement saisissable qui puise ses racines dans la religion, la morale, les revendications indépendantistes et les récriminations sociales. Beaucoup de ces causes sont même devenues crapuleuses. Les mouvements terroristes non seulement prennent en otage une population, mais exercent sur elle un chantage odieux avec des menaces de tout genre, des « impôts révolutionnaires » ou des « expropriations prolétariennes » qui se substituent aux motivations politiques traditionnelles.

Au tournant du siècle, le terrorisme apparaît comme l’un des grands défis du monde contemporain en raison de son caractère imprévisible, de son intensité et de sa diversité. Aux actions organisées des années 1970 et 1980 ont succédé des actions plus hétéroclites et plus meurtrières. La compréhension de ce fait majeur de notre société constitue « un passage obligé » pour tenter de combattre les mouvements extrémistes. Le livre de Jacques Baud présente toutes les organisations terroristes en mettant en relief leur histoire, leurs dirigeants, leurs structures, leurs armes, leurs objectifs et leurs stratégies. Les différentes formes, qui vont du terrorisme politique au « cyberterrorisme », sont expliquées, comparées, en ayant toujours à l’esprit que, même si les moyens se ressemblent, il n’existe pas un mais plusieurs terrorismes.

Parmi les genres de terrorisme les plus inquiétants, il faut mentionner celui de la secte japonaise Aum qui s’est rendue célèbre en organisant l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Ses cadres sont issus des académies militaires ou des universités les plus prestigieuses du Japon. Selon l’auteur, cette organisation criminelle disposerait d’un capital de 1,2 milliard de dollars et compterait 10 000 membres dans l’archipel nippon et quelque 20 000 en Russie. Ses spécialistes ont réussi à mettre sur pied un arsenal chimique dont certains produits toxiques auraient été testés dès 1993. Exploitant son implantation en Russie, Aum aurait également tenté d’acquérir des têtes nucléaires auprès des mafias locales.

Le « narco-terrorisme » constitue une autre facette du crime organisé. Les cartels de la drogue, particulièrement puissants en Amérique latine, au Myanmar et en Afghanistan, ont développé une collaboration étroite avec les mouvements terroristes politiques afin d’assurer la sécurité des zones de production. Leurs actions déstabilisent des pans entiers des appareils d’État. Sur ce sujet dramatique, il est bon de rappeler que le fameux cartel de Medellin en Colombie a été impliqué dans l’assassinat de trois candidats à la présidence de la République, d’un ministre de la Justice, d’un procureur, de 40 journalistes et de 1 300 policiers.

L’auteur dresse ainsi un inventaire complet de tous les mouvements terroristes de la planète dans un ouvrage d’une lecture captivante et d’une présentation pédagogique. Pour Jacques Baud, qui a déjà publié chez Lavauzelle une Encyclopédie du renseignement et des services secrets, la réponse à ce terrible fléau nécessite un « réajustement du renseignement, et des techniques préventives d’infiltration et de destruction des mouvements de l’intérieur ». Il y va de la survie de notre société. ♦