Editorial
Éditorial
L’effervescence de l’action militaire n’a pas tardé à revenir au premier plan en ce début d’année 2013, comme pour saluer le deuxième anniversaire d’un Printemps arabe qui ouvre de fait une saison méditerranéenne et sahélienne. C’est bien à la jointure géostratégique des continents, dans les zones de transition et de passage que les tensions se sont envenimées depuis un an et que les combats se propagent. Avec la cruelle situation syrienne qui prend en otage un peuple millénaire dont les composantes sont écartelées et la diffusion dans la zone touarègue des désordres libyens venus amplifier les difficultés socio-économiques d’une mosaïque malienne en voie de décomposition. Naturellement, nous ne pouvons rester à l’écart de ces réalités conflictuelles, à la fois parce que nos responsabilités internationales nous enrôlent dans l’action mais aussi parce que nous avons ensemble des relations anciennes et confiantes. Notre diplomatie, nos forces sont engagées, avec les risques que comporte l’action dans un monde où la violence terroriste est aujourd’hui déchaînée. Au passage, relevons que le renseignement sur lequel ont porté nos travaux récents n’est pas destiné à la connaissance académique mais bien d’abord à l’action.
Ce nouveau cadre d’action défini dans l’urgence opérationnelle de ce début d’année n’a pas occulté le fond de tableau de la crise générale qui affecte l’Eurozone et s’impose dans les réflexions de tous, et notamment aux commissaires du Livre blanc. Le continuum Économie-Défense est aujourd’hui plus articulé que jamais, non seulement dans la démarche capacitaire qui alimente laborieusement nos armées en matériels nécessaires mais aussi dans la logique industrielle qui bute sur un sous-financement latent dont on voit bien qu’il affecte tous les pays européens, qu’ils soient producteurs de technologies et d’équipements ou simples consommateurs de produits trop rarement issus encore de coopérations européennes. Mais l’application des leviers, théories et autres méthodes économiques au domaine de la défense permet d’emprunter de nouvelles pistes pour sortir des impasses budgétaires potentielles. Elles utilisent les dualités militaires et civiles, défense et sécurité, les révolutions numériques et l’intelligence économique qui appartiennent désormais au champ de l’économie de défense. On voit ainsi se dessiner de nouveaux équilibres entre les objectifs capacitaires, industriels, stratégiques, politiques et économiques dans la politique de défense. Le pays en bénéficiera.
Avec la disparition du général Lucien Poirier, le maître à penser de toute une génération stratégique, s’efface le plus ancien d’une cohorte de chercheurs militaires, nés dans la gloire de la Grande Guerre, acteurs souvent meurtris de la Seconde Guerre mondiale et des guerres de décolonisation mais concepteurs brillants des rapports de force militaires de la guerre froide. ♦