Une méthodologie rigoureuse est nécessaire pour mesurer l’activité économique liée à la défense. C’est celle-ci qui est proposée ici pour présenter les données macro-économiques de la base industrielle et technologique de défense française.
Une mesure de l’activité des entreprises liées à la défense
A Measure of the Activity of Defense Companies
A rigorous methodology is necessary to measure the economic activity related to defense. What is proposed here is the presentation of the macroeconomic data of the industrial and technological base of French defense.
Depuis Benoit (1), la mesure de l’activité économique liée à la défense, à partir d’une approche macro-économique, a fait l’objet de nombreux développements (2). Le volet microéconomique, basé sur la connaissance des entreprises du secteur, est largement répandu, mais reste partiel. Les maîtres d’œuvre industriels sont bien connus et font l’objet d’analyses diverses (3). Il s’agit en général des groupes industriels référencés SIPRI Top 100 ou Defense News Top 100, cotés et pour lesquels l’information publique est disponible. Ce faisant, la connaissance sur les entreprises plus petites ou non cotées n’est pas aisée, faute de données (4). L’activité des entreprises liées à la défense en est donc appréciée de façon imprécise, notamment en ce qui concerne la base industrielle et technologique de défense (BITD). Celle-ci regroupe les unités qui permettent, via les programmes d’armement, l’autonomie stratégique. Elle est directement concernée par les choix d’équipements militaires et représente le cœur des compétences en industrie de défense et en recherche et développement (5).
Cet article, en se basant notamment sur la source de données Chorus (6), propose une estimation de l’activité économique des entreprises liées à la défense (chiffre d’affaires et effectifs salariés). Le périmètre se compose des fournisseurs du ministère de la Défense et des entreprises qui réalisent des exportations militaires et travaillent sur les programmes en coopération. Il propose d’évaluer cette activité économique pour la BITD stricto sensu à l’intérieur du périmètre défense, compte tenu de l’importance stratégique, industrielle et financière de la BITD. L’estimation de l’activité économique nécessite d’abord de définir la BITD. Dans la deuxième section, sera ensuite présentée la méthode d’estimation (données et modes de calcul). La troisième section détaillera les résultats des estimations relatives au chiffre d’affaires et à l’emploi.
Identification de la BITD
La BITD est définie par les unités qui concourent à la réalisation (R&D et production) et à la maintenance des systèmes d’armes et des équipements, que ces unités travaillent pour le marché national ou international. Il s’agit d’une définition étroite de la BITD (7). Elle correspond à des unités qui, via les programmes d’armement, sont décisives pour l’autonomie stratégique et le développement des compétences en recherche et développement (8). Enfin, par unités sont entendus les offreurs, qu’ils appartiennent au secteur marchand ou non marchand. Le secteur marchand se définit par les entreprises qui mettent sur le marché des biens et services qu’elles ont produits et pour lesquels un prix de marché est disponible. À l’inverse, le secteur non marchand regroupe les administrations publiques ou les organismes privés dont au moins la moitié du capital est détenu par l’État ou qui fait appel à des cotisations privées et dont le fonctionnement n’est pas financé par une activité marchande.
Il reste 81 % de l'article à lire
Plan de l'article