Si le statu quo semble intenable au plan industriel, si une nouvelle phase de consolidation transeuropéenne des industries d’armement semble inéluctable, les différentes options possibles pour la réaliser semblent encore difficiles à conduire aujourd’hui. Tel est le constat que font les auteurs.
La nécessaire réorganisation de l’industrie de défense en Europe
The Need to Reorganize the European Defense Industry
If the status quo seems untenable in industrial terms, and if the new phase of trans-European consolidation of the arms industry seems unavoidable, then the different possible opinions for realizing this still seems difficult to reconcile today. This is the thesis presented by the authors.
Une vague de consolidation industrielle s’est engagée dans l’industrie de défense à la fin de la guerre froide en Europe en réponse à une contraction des dépenses militaires. Cependant, force est de constater que cette évolution n’a pas nécessairement conduit à la création d’une base industrielle et technologique de défense, d’une BITD réellement européenne. L’essentiel des fusions et acquisitions s’est réalisé à l’échelle de chaque pays. Même la création des deux groupes européens que sont Thales et EADS n’a pas réellement conduit à une réorganisation transeuropéenne de leur outil de production. Or, les tendances budgétaires actuelles rendent difficilement tenable le maintien d’un statu quo dans lequel les industries de défense en Europe conservent une structure essentiellement nationale. La baisse attendue des budgets d’équipement rend nécessaire une consolidation de l’industrie de défense pour assurer sa pérennité et sa compétitivité. La question n’est donc pas « si », mais « comment » conduire cette évolution de l’industrie pour préserver l’autonomie stratégique des pays européens.
Ce que l’échec du rapprochement EADS-BAE Systems révèle
L’échec du rapprochement entre deux groupes majeurs conduit à s’interroger sur ce que peut être l’avenir de cette industrie. S’il est possible de s’interroger sur l’intérêt de ce rapprochement en particulier, l’arrêt brutal des négociations ne permet pas de discerner les avantages qui en auraient découlé. Il est aussi et surtout révélateur d’une situation latente depuis une décennie en Europe. Les réactions ont montré que les gouvernements n’étaient pas prêts à accepter une consolidation qui aboutirait à ce qui a été perçu comme une perte de contrôle des États sur l’avenir de leur industrie nationale de défense.
Elles rappellent aussi que l’industrie de défense n’est pas une industrie classique et qu’elle reste une construction politique par essence. Même quand un État n’est pas actionnaire d’une entreprise, il garde son destin entre ses mains. L’armement reste l’industrie de souveraineté par essence. La crainte d’une moindre capacité des États à influencer les stratégies d’un groupe réunissant EADS et BAE Systems a donc conduit à une situation de blocage.
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article