La France s’abstiendrait désormais de conduire des interventions militaires directes en Afrique. Telle est, en partie, la teneur des accords de défense de « nouvelle génération ». Mais cette démarche se heurte à des pesanteurs historico-politiques et à des contraintes morales. Dès lors, les conflits en Centrafrique, au Tchad ou au Mali, contraignent Paris à un rôle de gendarme ou de pilote des stratégies de soutien aux États faibles ou menacés.
Les nouveaux accords de défense à l’épreuve des crises africaines
The New Defense Accords Put to the Test by the African Crisis
France is now refraining from conducting direct military interventions in Africa. This is, in part, due to the content of the defense accords of the “new generation.” However, this approach is fraught with historical and political burdens, as well as moral constraints. Therefore, the conflicts of Central Africa, Chad, and Mali are forcing Paris to take the role of policemen regarding support strategies of weak and threatened states.
Revendiqué par le discours politique depuis 2007, mais démenti par les interventions en République centrafricaine (RCA) en 2006, au Tchad en 2008, et en Côte d’Ivoire en 2011, le désengagement militaire de la France en Afrique évolue entre ruptures et hésitations.
Répondant à l’appel à l’aide lancé à la France par le général François Bozizé dont le pays est partiellement occupé par des rebelles, le président Hollande précisait : « Si nous sommes présents (évoquant les 250 soldats français stationnés à Bangui), ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays ». « Ce temps-là est terminé », a martelé le Président français le 27 décembre 2012. La position de la France a le mérite de la clarté. Le nouvel « accord de partenariat de défense », signé entre la France et la RCA en 2010, contrairement à celui de 1960, ne prévoit pas la possibilité pour l’armée française d’intervenir en cas de conflit intérieur. Les 250 militaires français basés à l’aéroport de Bangui, renforcés le 28 décembre 2012 par un contingent de 150 hommes en provenance de Libreville, ne sont chargés que d’une mission de soutien technique, dont la protection des ressortissants français et européens. La crise centrafricaine, commencée le 10 décembre 2012, s’inscrit dans un processus d’alternance politique, tel qu’il est de coutume dans ce pays. Il s’agit d’un problème centrafrico-centrafricain, d’où la position sans équivoque de la France.
La France vit une période transitoire dans ses relations avec ses ex-colonies, d’où des ambivalences et des hésitations. Elle apparaît attentiste, suscitant l’exacerbation d’un sentiment antifrançais dans l’opinion africaine. Mais, le retrait annoncé de la France ne laisse-t-il pas un vide ? La question est d’autant plus opportune à examiner qu’à l’image du Mali dont le nord est traversé par des islamistes et des rebelles Touareg, de la RCA par des rébellions armées du Séleka (« alliance » en sango, la langue locale), la plupart des États francophones d’Afrique subsaharienne ne peuvent avec succès assumer, à plein temps et dans la globalité du territoire, les missions régaliennes liées au maintien de l’ordre public et à la défense. Ainsi, la France, du fait de ses intérêts, mais surtout de son statut d’ex-puissance coloniale se voit-elle doter d’obligations dans la recherche de la paix. Au-delà du « devoir d’intervention », il semble également opportun de saisir la portée de la politique d’autonomisation des moyens. Ce texte met l’accent sur l’Afrique centrale.
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