C’est de la guerre de l’opium de 1840 entre la Grande-Bretagne et la Chine qu’il s’agit dans cette analyse du rapport inégal des forces morales et militaires en présence. Cette situation de crise a alors mis en évidence des lacunes chinoises importantes au niveau maritime et du renseignement, éclairant une actualité pressante.
La première guerre de l’opium : la victoire par le renseignement et l’amphibie
The First Opium War: The Victory through Information Sharing and Amphibious Warfare
It is the opium war of the 1840 between Great Britain and China that still has an effect on the analysis of the current unequal relationship of their ideologies and military forces. This situation is thus highlighted by the significant gaps in Chinese maritime and intelligence abilities, further illuminated by current realities.
Au début du XIXe siècle, la Chine se pense toujours comme l’Empire du Milieu civilisée et entourée de barbares. Toujours convaincue de sa supériorité, son manque de clairvoyance dans l’évaluation des rapports de force et surtout dans la compréhension des « barbares européens » l’a conduite à la signature de « traités inégaux ». Le Traité de Nankin, traumatisme dont le souvenir est encore vif en Chine, en est le résultat. Le manque de renseignement sur ses ennemis n’a pas permis à la Chine de pouvoir mettre en œuvre une stratégie de contournement efficace. La puissance maritime britannique, loin de ses bases, lui a finalement imposé l’opium et une humiliation politique.
La crise commerciale
La première véritable action officielle contre l’opium, à Canton, a lieu le 3 décembre 1838 : l’emprisonnement de coolies chargés du transport de la côte aux ateliers. Dans un contexte de crise entre la Chine et l’Angleterre sur le commerce de l’opium, l’empereur chinois charge Lin-Zexu, commissaire impérial du Kwangtung (la province de Canton), de mettre fin à l’usage de l’opium. Un édit est rendu public le 3 janvier 1839. Le 10 mars 1839, Lin-Zexu arrive à Canton et, après quelques actions contre le trafic d’opium (dont une lutte contre la corruption de l’administration chinoise), assigne à résidence les 275 étrangers, sans vivres et sans communications avec l’extérieur. Le capitaine Charles Elliot, superintendant représentant du gouvernement britannique, est aussi concerné.
C’est là le premier tort de Lin-Zexu : ne pas comprendre qu’il n’a plus affaire seulement à la Compagnie des Indes (East India Company), mais aussi au gouvernement britannique. Dans la mentalité chinoise de l’époque, les marchands ne sont pas tenus en haute estime. Le capitaine Elliot coopère avec Lin-Zexu et fait déposer à terre, entre avril et le 21 mai 1839, 20 300 caisses d’opium qui se trouvent dans les navires, pour une valeur estimée à 2 millions de livres sterling (l’équivalent d’environ £150 millions en 2008, si la comparaison a un sens). Les Chinois libèrent les étrangers progressivement durant cette période. À terre les stocks déposés, livrés en échange de thé, sont détruits, ce qui n’est pas sans conséquences financières. Le capitaine Elliot se plaint à la Couronne du comportement chinois. En juin, la quasi-totalité de la communauté britannique, avec les biens déplaçables, quitte Canton principalement pour Macao. Les navires se regroupent à Hong Kong pour renforcer leur sécurité.
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