Une rétrospective lucide de l’engagement militaire de la France en Afghanistan montre comment l’enrôlement progressif dans une stratégie incertaine a progressivement éloigné les populations des forces de la coalition et estompé la relation privilégiée qu’entretenait la France avec l’Afghanistan.
L’engagement afghan de la France
France's Afghan Engagement
A coherent retrospective of France's military engagement in Afghanistan shows how the progressive enlistment of an uncertain strategy has progressively separated the populations of the coalition forces and blurred the privileged relations that France has maintained with Afghanistan.
Au moment où la France a engagé son armée dans un nouveau combat asymétrique contre le terrorisme, cette fois sur la terre d’Afrique, il sera peut-être bon de tirer quelques leçons de notre engagement en Afghanistan et surtout de ce que fut la place des armées françaises au sein d’une coalition, elle aussi asymétrique. « Il n’y a pas de vent favorable à celui qui ne sait où il va ». Quelle que soit la paternité controversée de cette maxime, il eût été utile de l’avoir en mémoire, et même en « fil rouge », au moment de l’entrée des forces françaises dans ce qui devint une guerre de long terme, dans un pays si loin de nos bases géographiques et de nos référents culturels.
L’évidence initiale
La question de l’engagement militaire de la France en Afghanistan aux côtés des Américains ne se posait pas sur le principe. Il y avait eu l’acte terroriste du 11 septembre 2001, il y avait eu aussi l’assassinat du commandant Massoud deux jours avant et l’implication, directe ou indirecte, des taliban aux deux événements revendiqués par Al-Qaïda était évidente. Les yeux des politiques, des militaires et de l’opinion publique se sont alors ouverts, qui étaient restés clos si longtemps malgré toutes les sirènes d’alarme tirées par les ONG travaillant aux côtés des populations. Ainsi, la participation de la France à l’intervention en octobre 2001 n’a pas été contestée.
De fait, quel magnifique succès ! Tels les scorpions quand l’environnement leur devient défavorable, les taliban ont, d’un seul coup, disparu du paysage. En trois mois, l’affaire semblait réglée, et peut-être effectivement, aurait-elle pu l’être avec un peu d’attention à l’environnement humain et géopolitique du moment. Mais revenons à la maxime, si nous avions eu une idée de ce que nous étions venus faire dans ce pays, sans aucune préparation, avec nos mains ouvertes et notre cœur en bandoulière, le cours des événements aurait pu être différent.
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