Les vicissitudes militaires françaises du siècle dernier ont conduit de grandes plumes militaires à mettre en accusation le maniement savant fait de l’intelligence à l’École supérieure de guerre d’hier. L’École de Guerre s’en souvient aujourd’hui et veut relever le défi de l’intelligence appliquée.
« J’accuse l’École de Guerre ! » Un vieux procès. Une condamnation sans appel ?
“I Accuse the School of War!”
The French military vicissitudes of the last century drove the great military authors to accuse yesterday's École supérieure de guerre of manipulating intelligence. The École de guerre remembers this today and would like to rise to the challenge of applied intelligence.
Au siècle dernier, le général Charles de Gaulle, le général André Beaufre ou l’historien et officier, Marc Bloch instruisaient à charge le procès de l’École de Guerre. Émoussées par le temps, leurs critiques servent désormais d’aiguillon, tant à l’École de Guerre du XXIe siècle qu’à ses stagiaires, futurs cadres dirigeants des Armées et de la Gendarmerie, devenus les acteurs principaux et lucides de leur formation.
Si l’angle d’attaque change, la cible n’est pas nouvelle. À l’heure où la Cour des comptes distribue ses bons et mauvais points à l’enseignement militaire supérieur dans un récent rapport, au siècle dernier, ces trois hautes figures, ces trois plumes consacraient à l’École de Guerre des lignes que l’ampleur ou la profondeur de leurs œuvres relèguent à un second plan. Leurs réquisitoires, souvent implacables, parfois nuancés, toujours argumentés ne valent certes que replacés dans leur tragique contexte : pour avoir ignoré que le feu – doctement conceptualisé – tout autant que les certitudes – savamment professées – tuaient, les hécatombes de 1914 et la débâcle de 1940 seraient en partie imputables à l’École de Guerre.
Mais avant d’énoncer les chefs d’accusation, il faut faire entrer l’accusée.
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