L’auteur établit un parallèle fécond entre les opérations de Suez en 1956 et de Libye en 2011, montrant que les lacunes rencontrées dans le combat contre les entreprises de Nasser ont été depuis comblées mais que d’autres ont été révélées dans la lutte contre Kadhafi dont il convient de s’affranchir.
La chute du colonel Kadhafi : revanche de Suez ?
The Fall of Colonel Gaddafi: The Revenge of the Suez?
The author establishes a fecund parallel between the operations in Suez in 1956 and in Libya in 2011, illustrating that the shortcomings encountered in the combat against the enterprises of Nasser have since been filled but there are others which were revealed in the struggle against Gaddafi which we must now free ourselves from.
La chute du colonel Kadhafi, le 20 octobre 2011, s’analyse d’abord comme une victoire politique française. De fait, en partenariat avec le Royaume-Uni et avec le soutien américain, la France a été l’instigatrice de la coalition internationale qui a permis de renverser un dictateur qui faisait peser une lourde menace sur sa population. Le ministre des Affaires étrangères français de l’époque, Alain Juppé, affirme même dans Le Parisien du 27 août 2011, « c’est nous, la France et la Grande-Bretagne qui avons fait le job ». La France mesure le chemin parcouru depuis la tentative de renversement du dirigeant d’un pays arabe voisin de la Libye, le président égyptien Nasser, en 1956. L’humiliation qu’avaient alors infligée les États-Unis et l’URSS à la France et au Royaume-Uni s’était traduite par une grave perte d’influence de ces deux pays au Proche-Orient et dans le concert des Nations.
Le succès libyen peut-il dès lors être analysé, 55 ans après, comme une revanche de la campagne de Suez ? Il semble en effet que notre pays ait su tirer les leçons de l’échec de Suez, pour atteindre les objectifs politiques qu’il s’était fixés, à l’encontre du gouvernement d’un pays voisin de l’Égypte. Les opérations de Libye, en 2011 – OUP (Operation Unified Protector de l’Otan) et Harmattan (volet français d’OUP) – et de Suez (Mousquetaire) en 1956, présentent en effet d’intéressantes similitudes à relever. De nombreuses erreurs ont été surmontées dans le contexte politique et militaire français, mais également dans la préparation de l’opération. Cependant, certaines lacunes subsistent qu’il nous appartient d’identifier et qui constituent autant de défis à relever.
Des similitudes dans les situations
Dans les deux cas, une telle campagne n’aurait pu être entreprise par la France seule. Les deux opérations trouvent leur origine dans une initiative française, avec implication de l’allié britannique. En associant David Cameron à la résolution de la crise libyenne, le président Nicolas Sarkozy a suivi le chemin du président du Conseil, Guy Mollet, qui avait su convaincre Anthony Eden d’intervenir aux côtés de la France en 1956. À l’égard de l’Égypte comme de la Libye, cette association résulte tout d’abord d’intérêts communs des deux pays dans la région et sur la scène internationale. L’intervention contre l’Égypte avait été préparée en secret lors de la conférence de Sèvres, tenue du 21 au 24 octobre 1956 entre la France, le Royaume-Uni et Israël. En 2011, la résolution n° 1973 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a légitimé l’intervention, a été portée par le couple franco-britannique.
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