Croyances meurtrières - Essai pour la paix
Croyances meurtrières - Essai pour la paix
Jean Marichez milite pour la paix, avec la vigueur des non-violents. Il n’est pas le premier à chercher la cause des conflits et des guerres. Ni le premier à la voir dans les religions, du moins – la distinction est pour lui d’importance – dans les « croyances » qui les obscurcissent. On s’attend à ce qu’il prenne l’islam pour référence. C’est le christianisme qu’il choisit pour modèle de la violence sainte, au prétexte que cette religion nous est, et à lui-même, plus familière.
À bien le lire, évangélistes et autres protestants de choc mis à part, ses chrétiens sont moins fauteurs de troubles qu’attardés satisfaits des dogmes rétrogrades dans lesquels l’Église les enferment. Tel est le vrai sujet du livre : les croyances des chrétiens ne sont pas belligènes, elles sont stupides. Ce qu’on leur inculque est bon pour les enfants. Ce l’était aussi pour les paysans du XIXe siècle. De telles grossièretés ne sont plus de mise, aujourd’hui que nous sommes devenus intelligents.
Vatican II, présenté ici, et non sans raison, comme sabordage de l’Église par son propre équipage, allait dans la bonne voie : les mérites de la société moderne y furent reconnus. Hélas ! Les promesses du Concile ont été vaines et ce n’est pas Benoît XVI, que l’auteur n’aime pas du tout (voir p. 61, 130, 164, 165, 210), qui les honorera. Que faudrait-il donc changer ? Non la foi, mais les croyances, nous y voilà. Écouter Jésus, essayer de l’imiter, c’est façon de vivre bien. Quant à Dieu, son existence est de l’ordre de la croyance : incertaine. Laissez tomber, c’est sans importance. Les Lumières ont dévoilé les vertus universelles, que concrétisent droits de l’homme et démocratie. Le progrès de l’humanité suffit à l’espérance. L’intelligence triomphe, la société est la source du vrai. C’est elle qui doit décider de ce qu’on appelait morale, et non l’Église. Celle-ci y est inapte, et pour cause : la laïcité, regrette l’auteur, « n’a pas pénétré le cœur des religions » (sic).
Ce résumé est-il partial ? Partiel, sûrement. Mais tout de même ! S’attacher aux pas de Jésus sans croire à Dieu ? C’est une fameuse acrobatie. Rejeter les béquilles que l’Église propose aux infirmes que nous sommes ? Jésus fait de l’esprit d’enfance la clé du paradis et des doctes et des savants les moins disposés à y entrer. Une morale laïque ? C’est déjà la nôtre, le résultat n’est pas probant. Allons ! Résignons-nous à la bêtise. Le bonheur est à ce prix. ♦