La lutte contre le sentiment d’insécurité, par essence de construction complexe, intéresse à la fois l’ordre public, la cohésion sociale et la solidarité nationale. Elle est un vecteur principal du maintien de la paix et de la tranquillité publiques.
Lutter contre le sentiment d’insécurité : l’impossible mission ?
Fighting Against the Feeling of Insecurity: an Impossible Mission?
The fight against feelings of insecurity go to the root of our complex construction, which simultaneously concerns public order, social cohesion, and national solidarity. It is the principal means for maintaining peace and tranquility.
Lutter contre l’insécurité, voilà un thème toujours d’actualité dans l’élaboration des politiques publiques et qui compte systématiquement parmi les priorités gouvernementales depuis de nombreuses années. Mais cette action se confond souvent avec une autre notion, plus complexe, car plus diffuse : la lutte contre le sentiment d’insécurité. S’agit-il en effet de faire en sorte que tout aille mieux ou de faire tout d’abord croire que tout va mieux ? Poser ainsi la question revient à avouer une volonté d’action sur les perceptions et non sur les faits, et se traduit immédiatement dans l’imaginaire collectif comme une tentative de manipulation mentale à des fins politiques. Pourtant la lutte contre l’insécurité et la lutte contre le sentiment d’insécurité sont à la fois indissociables et complémentaires. En effet, ce sentiment qui a un impact direct sur la confiance, et donc sur le moral, se transforme souvent en peur de l’autre et peut ainsi amener à des dérives discriminantes, parfois violentes.
Par conséquent, la lutte contre le sentiment d’insécurité, qui intéresse à la fois l’ordre public et la cohésion sociale, participe au maintien de la paix et de la tranquillité publiques. Mais encore faut-il, avant d’avancer des voies de progrès à plusieurs niveaux dans ce domaine, définir ce que recouvre cette notion et en comprendre les mécanismes.
Qu’est-ce que le sentiment d’insécurité ?
On peut prendre comme point de départ la définition avancée par le sociologue Sébastian Roché qui théorise le sentiment d’insécurité comme « un processus de lecture du monde environnant qui est saisi chez les individus comme un syndrome d’émotion (peur, haine, jalousie) » (1). Ce sentiment est donc l’expression d’une émotion subjective déstabilisante, parfois éloignée de la réalité. Et c’est justement de cette subjectivité que vient la difficulté : l’échelle de valeurs ne pourra être universelle.
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