Acteur majeur de la continuité de l’État en situation de crise, la Gendarmerie nationale participe de la résilience du pays. L’interdépendance des protagonistes de gestion de crise, les évolutions budgétaires, structurelles ou sociétales pèsent sur son organisation, les modalités d’exécution de ses missions et la panoplie des moyens déployables sous haut niveau de stress opérationnel. Ce contexte exige des solutions innovantes en matière de résilience.
Gendarmerie nationale : quelle contribution à la résilience de la Nation ?
The National Gendarmerie: What Contribution Does it Offer to France’s National Resilience?
A major actor in the continuing crisis situation of the state, the national Gendarmerie participates in the resilience of the nation. The interdependency of protagonists of crisis management, budgetary changes, structural or societal pressures weigh on its organization, its ability to execute its missions, and the variety of means that are available to it under high-operational stress. This context requires innovative solutions to ensure resilience.
À l’échelle des trente dernières années, la tendance à l’augmentation du nombre de crises n’est pas contestable. Qu’elles soient d’origine accidentelle ou criminelle, de nature climatique, industrielle, environnementale, terroriste, sanitaire ou encore financière, leur densité, leur complexité et leur coût incitent les pouvoirs publics à renforcer la coordination des acteurs de la gestion de crise. Au cœur de cette problématique figure la notion de résilience. Déjà introduite en 2008, dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et sujette depuis à d’innombrables interprétations plus ou moins conceptuelles, la résilience devrait occuper une place de choix dans le Livre blanc de 2013. Cette perspective ouvre de multiples défis pour la Gendarmerie nationale. Cette force, notamment caractérisée par son immersion au sein de la population, joue en matière de résilience, la carte de son identité, celle de la pertinence de son modèle, qu’un certain nombre de commentateurs est tenté de considérer comme périmé.
En fin d’année 2012, le SGDSN, déclarait au sujet de la résilience : « C’est la capacité du pays à faire face aux coups durs, à se relever. Cela implique toute une série de politiques pour l’État, pour les collectivités territoriales. Le débat que nous avons eu… a montré qu’il y avait du scepticisme de la part de certains élus sur notre capacité, au niveau local, à répondre à cette volonté de résilience ». Compte tenu de l’interdépendance croissante des différents acteurs et d’une implication de plus en plus forte des collectivités locales en matière de gestion de crise, il est devenu crucial de renforcer la résilience collective. Or, pour ce qui regarde la Gendarmerie, force est de constater que les dernières évolutions budgétaires, structurelles ou encore sociétales ne demeurent pas sans effet sur son organisation, les modalités d’exécution de ses missions et la panoplie des moyens qu’elle peut déployer sous un haut niveau de stress opérationnel. Et compte tenu de ses caractéristiques propres, il n’est pas inutile de rappeler que le niveau de contribution de la Gendarmerie à la résilience de la nation se mesure d’abord et avant tout à l’aune de son propre niveau de résilience. C’est de cela qu’il s’agit ci-après.
Résilience de la Gendarmerie nationale, de quoi parle-t-on ?
Agissant quotidiennement au cœur des populations, le gendarme est régulièrement confronté à des crises de petite échelle. Balayant le champ des tensions, il doit être aussi bien capable d’encaisser puis de surmonter le choc de chaque situation opérationnelle de proximité que d’affronter des risques de haute intensité. La résilience de la Gendarmerie nationale est suspendue, au plan collectif, à l’aptitude du corps à se mobiliser, et au plan individuel, à la force morale de son personnel. Il s’agit donc de garantir la continuité de son action et de limiter les conséquences matérielles et psychologiques des différents préjudices qu’elle peut subir en situation de crise. Dans la poursuite de ces objectifs, l’approche fonctionnelle prévaut sur l’approche capacitaire et les différents types de missions que la force doit assumer ne se résument pas à la sécurité publique ou à l’ordre public. L’éventail du contrat opérationnel de la Gendarmerie en situation dégradée se veut polyvalent : conduite des opérations (1), renseignement, maintien de l’ordre, assistance aux victimes, gestion des flux, intervention, projection, investigation, protection ou encore expertise technique.
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