L’opération Serval va-t-elle constituer un tournant dans la relation entre la France et l’Afrique ? Va-t-elle permettre de renouveler une relation accaparée par des liens trop souvent personnalisés, affairistes, oblitérant d’un commun accord l’État de droit. Une nouvelle mobilisation de la jeunesse française et de l’Europe pourrait renouveler la donne. Telle est la thèse forte de l’auteur.
Françafrique : mue ou pas ?
Franco-Africa: a Metamorphosis or Not?
Has Operation Serval come to make-up a turning point in relations between France and Africa? Will it help renew a relationship that has been often filled with customs links, businessmen, and obliterating common agreements around the rule of law? A new mobilization of French youth and of Europe could renew the deal. This is the strong thesis of the author.
La France avait trouvé la bonne voie : un chef-d’œuvre de négociation et une alliance tactique avec la Belgique et avec l’Italie, ayant elles aussi des territoires outre-mer, avaient fait suivre la Loi-cadre du 23 juin 1956, accordant un début d’autonomie de gestion à son empire au sud du Sahara, d’une convention annexe au traité signé à Rome le 31 mars 1957 et instituant une Communauté économique européenne entre six États de l’Ouest du Vieux Monde. Le Fonds européen de développement pouvait accompagner les financements de la métropole ou s’y substituer amicalement, au lieu des possibles concurrences américaines et soviétiques.
De leur côté, les futurs puis nouveaux États africains d’expression française avaient, à l’exception de la Guinée, couplé leur déclaration d’indépendance avec la signature d’accords de coopération, y compris militaire. Ceux-ci avaient été décisifs pour, d’élargissement en élargissement de leur cercle en Afrique occidentale et en Afrique, faire parvenir en moins de trois ans le continent presque entier (à l’exception des colonies portugaises et espagnoles, ainsi que de l’Union sud-africaine arc-boutée depuis 1948 dans sa doctrine d’apartheid) à une Organisation de l’unité africaine, une OUA, associant à égalité, au contraire de tant d’organisations consacrant la division de leurs continents respectifs, le Nord blanc et arabo-musulman et le monde noir.
La France mutualisait donc les acquis physiques et mentaux de son administration coloniale avec ses partenaires européens, et ses nouveau-nés africains devenaient les zélateurs les plus conséquents, les mieux groupés du mouvement panafricain.
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