C’est la conjonction d’un rapprochement économique Chine-Japon-Corée du Sud et du pivotement américain vers la zone Asie-Pacifique qui crée les conditions d’une nouvelle configuration stratégique en Asie de l’Est. Mais les provocations nord-coréennes remettent en cause les équilibres envisagés et favorisent une militarisation régionale.
Vers une redéfinition de la configuration stratégique en Asie de l’Est
Towards a Redefinition of the Strategic Reconfiguration in East Asia
The combination of a Chinese-Japanese-South Korean economic rapprochement with an American pivoting towards the Asia-Pacific zone has created a new strategic configuration in East Asia. But the North Korean provocations challenge the envisioned balances and favorize a regional militarization.
Les relations entre les trois pays majeurs de l’Asie de l’Est, Chine, Corée et Japon, ont souvent été caractérisées par leur antagonisme historique, des alliances économiques face aux enjeux du moment et la nature de leur rapport aux États-Unis d’Amérique. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ces trois pays restent-ils toujours dans une relation de frères ennemis ? Ou bien cherchent-ils une nouvelle relation pour faire face aux réalités contemporaines ?
L’analyse qui suit cherche d’abord à éclairer les dynamiques de l’économie et de la sécurité qui sont à l’origine d’une reconfiguration régionale, liée aux changements de la position américaine dans cette région cruciale. Il s’agira ensuite de comprendre la réaction de ces trois pays conduits par de nouveaux dirigeants et d’ouvrir des pistes de réflexion pour comprendre la transition du pouvoir régional et le bouleversement de la configuration géostratégique. Cette réflexion d’ensemble permettra d’interpréter, d’un côté les intérêts de chacun pour l’essai d’une intégration économique régionale, et de l’autre la confrontation des enjeux stratégiques en matière politico-militaire.
Transformation de la stratégie américaine en 2012
Fin 2011, le président Barack Obama déclarait en Australie le « retour en Asie », de l’Amérique comme leader de la zone de l’océan Pacifique. Il annonçait l’envoi de militaires américains, mentionnant sa coopération stratégique sur la mer de Chine méridionale. Cette projection visait la prédominance de la force aérienne, pour être en mesure de faire face à un conflit éventuel contre la Chine. Elle présage de fait une transition de la configuration politique en Asie de l’Est. En même temps, la Secrétaire d’État, Hillary Clinton, s’est rendue en Birmanie, cinquante-six ans après la dernière visite officielle américaine. Elle y a affirmé l’amélioration des relations diplomatiques entre les deux pays, qui va alléger les sanctions politico-économiques prises contre l’ancien régime militaire birman. Cela confirme la pression diplomatique des États-Unis contre la Chine.
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