La Chine, puissance économique incontestable, est une puissance militaire en devenir. Elle s’appuie sur le soft et sur le hard power pour affirmer sa puissance, le premier comme moyen offensif, le second comme stratégie défensive. À rebours d’une Chine préparant la guerre, l’auteur expose une Chine qui modernise ses armées et comble un retard technologique et opérationnel pour conserver sa liberté d’action régionale en développant une stratégie de déni d’accès et de dissuasion.
La stratégie de puissance chinoise : entre hard power défensif et soft power offensif
The Strategy of Chinese Power: Between Defensive Hard Power and Offensive Soft Power
China, an incontestable economic power, is an upcoming military power. It is based on the soft and the hard power affirming its strength, the first in an offensive manner, the second acting as a strategic defense. Eschewing a China preparing for war, the author exposes a China who is modernizing its armies and filling a technological and operation gap in order to preserve its freedom of regional action by developing a strategy of access denial and deterrence.
Après la lecture d’un livre Voyage dans l’intérieur de la Chine et en Tartarie écrit par l’ambassadeur britannique Lord Macartney à son retour de Chine, Napoléon, alors exilé à Sainte-Hélène, aurait dit en 1816 : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». En 1973, Alain Peyrefitte titrait son livre avec la même citation. Il affirmait déjà que « vu le nombre de Chinois, lorsqu’ils auront atteint une culture, une technologie suffisante, ils pourront imposer les idées au reste du monde ». On peut affirmer que la Chine s’est réveillée (1), mais doit-on trembler pour autant devant cette puissance émergente ?
Depuis l’avènement de Deng Xiaoping en 1979 et le lancement de ses quatre modernisations, la Chine est devenue une puissance économique qui s’affirme tous les jours davantage et c’est une puissance militaire en devenir. En entrant dans le monde moderne, elle a intégré l’usage de la puissance sous toutes ses formes, soft, hard et smart power, selon les définitions de Joseph Nye (2). Mais que veut-elle faire de cette puissance, quelles sont ses ambitions ? Défi, menace ou occasion à saisir ? Il faut nous interroger sur la nature de sa puissance et sur la stratégie qu’elle a adoptée.
À l’opposé de présupposés bellicistes, la Chine chercherait avant tout à préserver sa liberté d’action en adoptant une stratégie latérale. Grande observatrice, elle s’inspire des maîtres de la puissance, mais adapte le modèle à son mode de pensée. Le « pays du milieu » s’affiche comme une puissance alternative, offrant un autre standard de développement et de civilisation, « un consensus de Pékin ». Sa stratégie repose sur une combinaison du hard et du soft power aux caractéristiques bien chinoises qui connaît cependant des failles et des vulnérabilités dans ses développements.
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