Japon et Corée du Sud, deux pays que tout semble rapprocher, à commencer par leur alliance avec les États- Unis, n’entretiennent pourtant pas de coopération militaire approfondie. L’ombre de leur tumultueuse histoire commune et le fragile équilibre régional asiatique rendent délicat tout rapprochement dans le domaine de la défense. Il est pourtant indispensable à la stabilité régionale.
Une coopération militaire entre le Japon et la Corée du Sud est-elle possible ?
Is a Military Cooperation Between Japan and South Korea Possible?
Japan and South Korea, two countries who are always near a rapprochement, are beginning with their alliance with the United States, but not yet maintaining a thorough military cooperation. The shadow of their shared tumultuous military history and the fragile Asiatic regional equilibrium makes all rapprochement in the defense domain delicate. But it is indispensable to the regional stability.
La Corée du Sud et le Japon sont très proches géographiquement. Tous deux sont des pays démocratiques qui partagent les mêmes intérêts stratégiques et sont alliés des États-Unis. Pourtant, l’absence de liens forts dans le domaine de la sécurité entre Séoul et Tokyo ne leur permet pas de jouer le rôle majeur qui pourrait être le leur en Asie, celui de piliers de la stabilité régionale. Au moment où s’y joue une véritable recomposition stratégique, ce paradoxe pousse à s’interroger sur la possibilité d’une véritable coopération de défense entre les deux pays, voire d’une alliance militaire.
« Vivre le supplice de Sisyphe »
« Le rocher de Sisyphe », voilà ce à quoi Kim Sung-Hwan, alors ministre des Affaires étrangères sud-coréen, a comparé les relations entre le Japon et la Corée du Sud. Ce parallèle semble pertinent. En effet, ces deux pays, bien que leurs relations soient normalisées depuis 1965, ont eu des liens fluctuants marqués par des frictions récurrentes. Souvent, c’est un événement qui a brutalement refroidi leurs relations. Et les deux pays de devoir renouveler la confiance réciproque et la compréhension mutuelle, encore et encore…
L’échec du General Security Of Military Information Agreement (GSOMIA) en 2012 est un exemple de ce balancier. En effet, moins d’une heure avant la conclusion de l’accord, sous la pression d’une partie de la classe politique et de l’opinion publique, le gouvernement sud-coréen a annulé sa participation. Pourtant, résultat de longues négociations, ce traité aurait représenté une avancée majeure pour la coopération de défense entre les deux pays en fournissant un cadre légal permettant l’échange d’informations classifiées. Pourquoi cet accord a-t-il été rejeté par une majorité de la classe politique et de l’opinion publique sud-coréenne poussant le gouvernement à y renoncer ? Bien sûr à cause de la sensibilité des questions relatives au Japon en Corée du Sud, mais peut-être surtout du fait de son processus d’adoption. Ce projet d’accord a en effet été annoncé sans débat parlementaire et sans que l’opinion publique ait été prévenue. Une fois encore le rocher a dévalé la pente.
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