L’actualité des arbitrages budgétaires actuellement opérés par le conseil de défense attise la curiosité de la communauté de défense. Par-delà les renoncements capacitaires et les milliards d’économies, les efforts consentis par la représentation nationale pour le maintien du niveau de défense seront-ils suffisants pour éviter le « déclassement » de la France ?
Budget de défense, le déclassement en perspective ?
Budgeting Defense, a Downgrading in Perspective
The news of current budgetary arbitrations undertaken by the Council of Defense stirs up the curiosity of the defense community. Beyond the capability reductions and the billions saved, are the efforts made by the national representation to maintain the level of defense sufficient in avoiding the “downgrading” of France?
La « vive préoccupation » des sénateurs face aux perspectives de réduction du budget de la défense a mis en valeur l’acuité du débat (1). Courbe à l’appui, les sénateurs démontraient qu’en trente ans le budget de la défense avait baissé de moitié. D’où cet appel vigoureux lancé au chef de l’État pour que le budget militaire de la France soit maintenu à un niveau crédible, soit 1,5 % du PIB. Aussitôt, les « calculettes de Bercy » (2) furent mises à l’index. Pourtant et sans faire preuve de complaisance, diaboliser la position de Bercy n’est pas le bon débat ; ce ministère joue son rôle de gardien d’un édifice budgétaire qui périclite sous les coups de boutoir d’une dette qui représente une fois et demie le budget actuel de la défense. Sa volonté n’est assurément pas de détruire l’outil de défense français.
En outre, la portée même du Livre blanc à l’origine des choix soumis au chef de l’État est elle-même à relativiser. La vitesse avec laquelle le monde évolue réduit ses effets dans le temps. Preuve en est le précédent Livre blanc. Bien que porteur d’une réelle volonté de rupture, il s’est rapidement heurté aux réalités des crises budgétaires et a dû largement s’adapter. Cela marque au fond l’extrême limite de l’exercice. Car pour reprendre l’expression de Pascal Boniface, même le meilleur Livre blanc ne peut produire de la « défense hors-sol » (3) c’est-à-dire sans l’accompagner d’une vision stratégique des choix économiques et industriels du pays. Donc, quel que soit le résultat de l’arbitrage effectué, l’enjeu consiste bien à trouver un équilibre entre une politique de défense aussi autonome que possible et des ressources publiques de plus en plus rares.
Or, si l’analyse démontre que l’effort de défense français s’est plutôt mieux maintenu ces dernières années que celui de ses voisins européens, il est certain que l’hypothèse d’un budget de défense « zéro volume », « zéro valeur », établi à 1,1 % du PIB, soit autour de 20 milliards d’euros, ne permettait pas de maintenir le niveau de crédibilité qui est celui de la France aujourd’hui.
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