L’Europe des « Six » cherche d’abord son équilibre militaire à l’abri de l’arsenal nucléaire anglo-américain de l’Otan. Mais la crise de Cuba modifie la donne en relativisant l’engagement américain et en affectant la pertinence de l’Otan. La France prend alors ses distances pour se doter d’une force de frappe et les Européens, bien que divisés entre souverainistes et fédéralistes, renforcent leur coopération économique alors que les Américains commencent leur dialogue de limitation d’armement avec les Soviétiques. La stagnation conceptuelle et militaire européenne caractérise cette deuxième période d’analyse.
1958-1973 : de la guerre froide à la paix chaude, quelle Europe construire ?
1958-1973: From Cold War to Hot Peace - What Type of Europe Should be Built?
Europe at six initially tried to find its military balance under the Anglo-American nuclear umbrella of NATO. With the Cuban missile crisis, the scene changed markedly when the American commitment was seen to be less than entire, which in turn affected the relevance of NATO. As a result, France stepped back somewhat in order to provide its own nuclear strike force, and the Europeans, though divided between those who insisted upon national sovereignty and those who were federalists, strengthened their economic cooperation. In parallel, the Americans began talks with the Soviets on arms limitation. Analysis of this second period highlights European conceptual and military stagnation.
Marquée en France par une politique « souverainiste » constante, la période 1958-1973 recouvre les mandats exercés par le général de Gaulle et Georges Pompidou. L’Europe des Nations, seule Europe officiellement prônée par la France, ne s’accorde pas avec les « États-Unis d’Europe » que beaucoup dans l’Alliance atlantique considèrent essentiels à la paix et à la victoire de l’Occident.
La synthèse historique que propose l’analyse qui suit, dont l’unique source est la RDN, met en lumière dans la manière de concevoir la sécurité en Europe de l’Ouest la centralité des thèmes nucléaires, de l’émancipation progressive de la tutelle américaine, de la relation franco-allemande et de la relation franco-britannique.
On mesure dans cette exploration que l’Europe militaire, tantôt souhaitée, tantôt repoussée, aussi bien par les souverainistes que par les fédéralistes, apparaît déjà comme cette nécessité utopique qu’elle continue d’être aujourd’hui.
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