Beaucoup évoquent les difficultés voire la panne de l’Europe de la défense. Ils en prônent la relance. Or, contrairement à l’idée admise, l’Europe de la défense n’est pas une réalité clairement définie au service d’une vision stratégique commune mais un ensemble d’initiatives multilatérales ad hoc. Sa concrétisation nécessite une approche politique plus ambitieuse, à même de lui donner une vraie légitimité.
L’Europe de la défense est-elle en panne ?
Has European Defence Stalled?
Much is spoken of the difficulties involved in constructing European defence, and even of its complete breakdown, and many would wish to see its re-launch. Contrary to what some believe, however, the European defence project has never been clearly defined insofar as it might have any relation to a common strategic vision, and is just a collection of ad hoc, multilateral initiatives. Putting it into practice will require a far more ambitious political approach in order to give it any real legitimacy.
Assiste-t-on à un essoufflement de l’Europe de la défense ? Est-elle même en panne ? Ces questions ont fait florès lors de la refonte du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Pour autant, en Europe, rares sont ceux qui sont capables de définir exactement le pourtour de ce que pourrait être cette initiative européenne de défense. Chacun y va de sa définition et peu d’entre elles convergent, preuve du manque de consistance de cette notion.
En stricte référence aux articles du Traité de Lisbonne, l’Europe de la défense a un champ de compétences limité à la gestion des crises à l’extérieur des frontières de l’Union européenne (UE), la défense des États-membres restant du ressort national ou organisée dans le cadre de l’Otan pour la plupart d’entre eux. L’UE a cherché à renforcer ses capacités de gestion civile et militaire des crises, mais les initiatives dans ce domaine se concrétisent difficilement. Existe-t-il donc une atrophie de cette dynamique qui vise à développer les capacités militaires européennes, malgré l’impulsion donnée lors de la présidence française de l’Union en 2008 ? Le faible nombre d’actions extérieures européennes ambitieuses et d’envergure menées depuis lors semble l’attester.
L’Europe de la défense n’est pas en panne. Elle n’est pas encore, tout simplement. Elle n’est qu’un projet ambitieux pour les uns, une illusion pour les autres, mais rencontre incontestablement des difficultés à prendre corps. En effet, il n’y a pas à l’heure actuelle de vision stratégique européenne commune et de volonté partagée de défense au sommet de l’édifice européen, au niveau des chefs d’État. Ainsi, les quelques progrès enregistrés dans le domaine sécuritaire, au prix d’efforts diplomatiques importants, manquent de cohérence d’ensemble. L’Europe de la défense pourrait cependant émerger grâce à une approche lancée par le haut. Cette évolution passe probablement par l’élaboration d’un Livre blanc sur la défense et la sécurité européenne.
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