Une Europe militaire peut émerger des circonstances et des besoins collectivement ressentis plus sûrement qu’une Europe de la défense au concept inadéquat. Elle devra repartir des intérêts nationaux et utiliser toutes les occasions favorables pour s’établir pragmatiquement.
Quel cadre pour l’Europe militaire ?
What Military Framework for Europe?
If based upon the right circumstances and collectively agreed needs, a European military structure could emerge far more surely than any European defence built around an inadequate concept. The starting point would have to be national interests, and it would need to draw upon every favourable occasion in order to become established in a pragmatic manner.
« L’Europe de la défense » n’existe pas. Mais l’Europe militaire existe-t-elle ? Les crises en Côte d’Ivoire, la Libye et le Mali ont été l’occasion pour des États-membres de l’Union européenne de prendre des initiatives militaires qu’ils ont jugé nécessaires, de les mener à bien avec leurs moyens nationaux en bénéficiant aussi de la coopération européenne. Ils l’ont fait en toute souveraineté et dans la légalité internationale. À l’extérieur de l’Union, il est considéré qu’ils l’ont fait au nom de l’Europe. Ainsi, dans le domaine militaire, l’Europe existe bel et bien, mais d’abord au travers de ses États-membres.
L’engagement des forces dans un théâtre d’opérations est une décision de caractère politique qui met en jeu la vie des hommes et qui donc ne peut pas, en l’absence d’une Europe démocratique achevée, être partagée avec d’autres. Il reste de la compétence nationale. Beaucoup ont regretté que les décisions qui ont conduit à ces opérations n’aient pas été prises au niveau européen, mais il ne pouvait en être autrement.
Les Européens ne partagent pas une même vision stratégique du monde, une même conception de l’usage des outils diplomatiques et militaires, ni la même idée du rôle et de la place des forces armées dans la société. Ils peinent à définir des intérêts communs et leurs intérêts nationaux paraissent trop souvent divergents. Pour autant, et spécialement au Mali, les Européens n’ont pas été absents, car la solidarité de certains États-membres s’est immédiatement manifestée, d’abord sur le principe même de l’intervention, puis, très vite par des apports concrets en matière de logistique et de renseignement.
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