C’est dans une ère caractérisée de transition stratégique et forte du bagage institutionnel des entreprises passées que l’UE doit redéfinir son projet stratégique, reconsidérer sa sécurité pour tirer bénéfice de toutes les occasions offertes par l’incertitude actuelle. Elle a des atouts pour constituer un vrai pôle du XXIe siècle.
Pour une réflexion méthodique sur la sécurité européenne
A Thorough Rethink of European Security
In this era of strategic transition, heavy with the institutional baggage of the past, the European Union has to redefine its strategy for the future and reconsider its security if it is to benefit from all the opportunities that are opened up by the current state of uncertainty. It has what is needed to be a centre of force for the twenty-first century.
Dix ans après avoir fixé un cadre de réflexion et d’action pour sa sécurité, cadre confirmé il y a cinq ans, l’Union européenne fait face aujourd’hui à un changement rapide et profond de son environnement stratégique qui peut menacer sa cohésion et même son existence. Tirant pleinement parti du Traité de Lisbonne et de ses nouveaux instruments, l’Union doit analyser ce nouveau contexte, préciser son rôle et définir une véritable stratégie. L’échéance du Conseil européen de décembre prochain en fournit l’occasion (1).
Transition stratégique confirmée vers une incertitude durable
La fragmentation et le déplacement des forces en présence ont confirmé, en quelques années, l’épuisement de la stratégie bipolaire. La période de l’après-guerre froide a pris fin. L’espace mondial se configure désormais autour de plusieurs centres de pouvoir. Ces pôles en formation rapide tirent parti de l’interdépendance croissante entre les États comme de la dispersion des acteurs, de plus en plus variés ; ils deviennent l’unité de base du système international. Oscillant entre polycentrisme et anarchie, cette transition sera longue et connaîtra des étapes : on voit ainsi émerger l’esquisse d’un duopole asymétrique et ambigu États-Unis/Chine qui voile et maintient, pour un temps, la prépondérance américaine. Les grands pays émergents veulent chacun former un pôle plus ou moins complet, mais rivalisent déjà plus qu’ils ne cherchent à structurer le système. Quant au « basculement », souvent souligné, du centre de gravité mondial vers l’Asie et le Pacifique, ce n’est encore qu’un déplacement progressif et plein d’incertitudes.
Loin d’être marginalisée dans ce désordre, comme on le dit trop facilement, l’Union est en mesure d’orienter par ses choix l’évolution de cette configuration encore incertaine.
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