La situation complexe dans laquelle se trouve l’Union européenne ne saurait occulter la réalité d’une convergence d’intérêts des Européens et des Américains dans la reconfiguration stratégique en cours qu’illustre le pivotement relatif des États-Unis vers l’Asie. L’Occident transatlantique conserve sa pertinence.
L’UE confrontée au besoin d’Occident et au pivotement américain
The European Union Faces the Needs of the West and US Strategic Realignment
The European Union’s current complex situation should not be allowed to overshadow an increasing convergence of European and American interests with regard to the strategic realignment that is taking place, as illustrated by the United States’ turn towards Asia. The transatlantic ‘West’ is as relevant as ever.
Le déclin de l’Occident, annoncé par Oswald Spengler dès 1919 dans l’atmosphère de pessimisme engendré par la Première Guerre mondiale, devient une hypothèse plus réaliste aujourd’hui, avec la montée des pays émergents, la crise économique des pays occidentaux, la contestation de leurs valeurs, les doutes engendrés par les guerres d’Irak et d’Afghanistan, la montée de la Chine comme grand rival possible des États-Unis. En même temps, ce déclin, même pris au sens relatif, n’est pas certain (1).
En ce qui concerne l’Union européenne, on a du mal à comprendre quel intérêt elle trouverait au déclin de l’ensemble occidental. Certes, depuis les origines de la construction européenne, de nombreuses voix ont proclamé que l’Europe, pour affirmer sa personnalité, devrait prendre ses distances à l’égard des États-Unis (de Gaulle en appelait à une « Europe européenne »). Mais peut-on envisager d’aller au-delà d’un rééquilibrage des relations transatlantiques, d’ailleurs en soi souhaitable ? En fait, l’Europe a besoin de l’Occident, elle doit maintenir ses liens avec les États-Unis, pour la défense de ses valeurs, de sa sécurité, de ses intérêts économiques, pour sa capacité d’innovation.
L’Union européenne a d’autant plus besoin de l’Occident qu’elle se trouve dans une crise profonde : crise financière, très loin d’être achevée si on prend en compte les engagements déjà pris ou qui devront l’être encore envers les gouvernements et les banques en difficulté, crise économique qui menace plutôt en ce moment de s’aggraver et d’atteindre désormais la République fédérale d’Allemagne elle-même, la fameuse « locomotive de l’Europe », selon la formule de Mme Merkel en 2011 (2). Et surtout crise de la gouvernance, car il devient évident que le Traité de Lisbonne ne suffit pas pour régler le problème d’une organisation très spéciale, qui n’est ni un État, ni une Fédération, tout en étant plus qu’une Confédération et qui, en outre, est passée des 6 membres fondateurs à 28 aujourd’hui (3).
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