Dans un monde qui va devoir chercher dans les océans de nouvelles ressources, la France apparaît comme très bien dotée, non seulement en espaces maritimes mais également en opérateurs de premier rang. Reste que les moyens dont elle dispose pour participer au contrôle et à la sécurisation de ses espaces ultramarins sont bien faibles au regard de ces enjeux.
L’espace maritime français : un capital en déshérence ?
French maritime space: a capital of escheat?
In a world that will have to search through the oceans of new resources, France appears to be very well endowed, not only in maritime areas but also the leading operators. Nevertheless, the means available to participate in monitoring and securing its overseas areas are very weak in terms of these issues.
Environ 675 000 km2 : c’est la surface terrestre réelle de la France, à défaut d’être celle de nos souvenirs et de nos manuels scolaires qui indiquent invariablement 550 000 km2. Une erreur significative qui consiste simplement à oublier l’outre-mer et ses quelque 2 500 000 Français. Des terres, territoires, îles et archipels dont beaucoup sont devenus français bien avant certaines provinces ou villes métropolitaines : Saint-Pierre-et-Miquelon en 1534, la Martinique en 1635, La Réunion en 1642, la Guyane en 1676, Kerguelen en 1722, la Terre Adélie en 1840, La Polynésie en 1842, la Nouvelle-Calédonie en 1853… Perpignan le fut en 1659, la Franche-Comté en 1678, Nice en 1860.
Le soleil ne s’y couche jamais. Il y a bien longtemps, les Britanniques étaient fiers de caractériser par cette formule imagée l’étendue planétaire de leur empire. Aujourd’hui, la France est en réalité le seul pays au monde à pouvoir y prétendre. 5, 6 et même 11 heures de décalage négatif vers l’ouest ; 3, 4, 5 et jusqu’à 11 heures de décalage positif vers l’est. Là-bas aux antipodes, la question est de savoir quel est le décalage entre Tahiti et Futuna, par exemple : pas très simple, avec la ligne de changement de date entre les deux. Des circonstances historiques diverses nous ont autrefois conduits à prendre la responsabilité de ces archipels et autres îles isolées, qui constituent aujourd’hui la France d’Outre-Mer. À la différence notable de ce qui advint dans d’autres nations occidentales, ils sont volontairement restés dans la République, même si une large autonomie prévaut désormais dans les territoires du Pacifique.
Grâce à nos outremers, les nouvelles zones économiques exclusives (ZEE) établies depuis la convention de Montego Bay ont porté l’espace maritime placé sous juridiction française (1) au deuxième rang mondial, avec plus de 10 millions de km2. Étendue immense, espace de respiration dont la richesse potentielle est considérable. À l’heure où les ressources terrestres s’épuisent, où les populations mondiales en pleine expansion se rapprochent de plus en plus des rivages maritimes, l’océan se présente comme le nouvel espace vital, un Eldorado encore largement vierge et inexploité. Ce potentiel considérable place a priori notre pays dans une situation privilégiée. Nos outremers devraient naturellement en être les premiers bénéficiaires, dans la perspective de les rendre plus autonomes économiquement.
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