En proposant un mode d'organisation de la pensée stratégique actuelle et le rôle qu'y joue la surprise, en intégrant la cybernétique dans les rapports de force, l'auteur aborde les questions de phénoménologie de la guerre sous un angle neuf et révèle l'importance du cyberespace comme révélateur stratégique décisif.
Avant-propos - Cyber : la surprise n'est pas celle que l'on croit
Foreword–Cyber: the surprise isn’t what one might believe
Offering a mode of organization for current strategic thinking and the role played therein by the element of surprise, incorporating cybernetics in its relationship with force, the author approaches the phenomenological questions of war under a new angle and reveals the importance of cyberspace as a decisive, strategic indicator.
La stratégie a deux dimensions : la grande stratégie, qui appartient à l’ordre politique, et inclut aussi bien la stratégie militaire (majeure) que d’autres branches comme la stratégie des moyens, la stratégie économique ou la stratégie culturelle ; et la stratégie militaire, qui peut se décomposer elle-même en stratégies de milieux (terrestre, maritime, aérienne). Cette distinction désormais classique a été perçue au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec l’irruption du fait nucléaire. Elle a modifié en profondeur les règles jusque-là habituelles de la guerre.
Après la guerre froide, les stratégistes ont décelé un double dépassement de ce primat nucléaire : par la « révolution dans les affaires militaires », c’est-à-dire la technologisation de la guerre ; et par la « surprise stratégique », en réponse au terrorisme manifesté par les attentats du 11 septembre (notions de guerre « irrégulière » et de « contre-insurrection »).
C’est au tamis de ce triple héritage (le nucléaire, la technologie, la guerre irrégulière) que l’on peut analyser l’émergence du phénomène cyber : est-il une irruption technique qui va conduire à une grande stratégie ? Va-t-il être au contraire le moyen d’une modification des stratégies militaires existantes ? Dans ce dernier cas, s’agit-il d’une rupture d’abord technologique ou d’une modification de la grammaire de la guerre ?
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