Même si le soutien de l'opinion publique française n'a jamais manqué au lancement d'opérations extérieures, les militaires ont déploré, souvent fortement, lors de la décennie d'engagements en Afghanistan, le manque d'intérêt voire de compassion de leurs compatriotes pour les risques et les sacrifices qu'ils ont endurés.
Les relations armées-société au prisme de la guerre en Afghanistan
Army-Society relations through the prism of the Afghanistan war
While the support of French public opinion has never failed to launch external operations, soldiers complained, often strongly, during the decade of military engagements in Afghanistan, of the lack of interest—nay, compassion—from their countrymen for the risks and sacrifices they (the soldiers) have endured.
Même si, en comparaison avec le milieu des années 2000, le volume de troupes engagées dans des théâtres extérieurs a diminué, les interventions militaires demeurent au cœur des missions des armées, comme le rappellent les trois Livres blancs publiés depuis 1994. Parmi ces interventions, la guerre en Afghanistan, d’une durée inégalée dans l’histoire récente, aura symbolisé la quintessence de l’engagement aux yeux de toute une génération de militaires pour qui ce déploiement représentait une expérience professionnelle unique. Aujourd’hui, alors que la date de retrait des troupes de l’Otan, fixée à la fin 2014, s’approche et que le contingent français a été rapatrié dans sa presque intégralité à l’exception de 500 hommes, il est temps de faire le bilan de l’impact qu’aura eu cette guerre sur les relations entre armées et société.
Car le déploiement des troupes françaises au sein de la Force internationale d’assistance et de sécurité (Fias) a eu non seulement des conséquences sur la conduite de la guerre ou sur la manière d’envisager le rôle des armées dans la résolution des conflits, mais ces treize années de guerre nous ont appris beaucoup sur les conditions à réunir pour que les militaires se sentent soutenus par les Français ou pour que ces derniers demeurent favorables, dans la durée, à une décision d’engagement des troupes dans une mission dont le rapport à la protection des intérêts vitaux n’est pas forcément compris.
Image positive et soutien aux interventions extérieures pour les uns…
L’opinion publique, eu égard aux affaires militaires, peut être examinée sous deux angles. Premièrement, on peut se référer à l’image des armées, en affirmant qu’aujourd’hui, elle est excellente et stable. En effet, depuis 1999, le pourcentage des personnes interrogées ayant une bonne ou très bonne opinion des armées se situe toujours au-dessus de 80 %, atteignant parfois 87 % d’opinions positives comme en 2007 ou 2008. Ce constat, réaffirmé à chaque sondage, est loin d’être banal. Il suffit de se rappeler comment étaient perçues les armées dans les années 1970, notamment chez les jeunes, pour se rendre compte du formidable chemin parcouru. Cette image est renforcée par des considérations positives sur la valeur des militaires, la qualité de leur formation et le niveau de leur entraînement, puisque deux tiers des Français estiment que ces trois dimensions constituent des points forts des armées. Enfin, une dernière caractéristique concernant la perception globale de l’institution militaire mérite d’être soulignée : les Français expriment une grande confiance dans l’institution militaire qu’ils placent en tête, devant les autres institutions régaliennes, et cette confiance s’est accrue au cours des dernières années, alors que bien d’autres institutions comme la justice ou les institutions politiques ont, quant à elles, connu une évolution inverse.
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