Les auteurs rendent compte d'une analyse systémique des surprises stratégiques qu'ils illustrent par quatre échecs de la CIA et qu'ils expliquent par le poids de l'identité des services de renseignement qui occulte des réalités pourtant accessibles simplement.
Incertitude et surprise stratégique : les leçons des échecs de la CIA
Uncertainty and strategic surprise: lessons from the CIA’s failures
The authors report a systemic analysis of strategic surprises illustrated by four CIA failures, and explain, by the weight of their identity, the intelligence services that hide realities nevertheless easily accessible.
Créée en 1947 par le président Harry Truman avec la mission d’empêcher un nouveau Pearl Harbor – surprise stratégique par excellence – la CIA (Central Intelligence Agency) a failli en au moins quatre occasions majeures * : lors de la crise des missiles à Cuba en 1962, lors de la révolution iranienne de 1978, lors de l’effondrement de l’URSS dans les années 1990 et le 11 septembre 2001.
Comment de tels échecs sont-ils possibles alors que la mission est explicite et les moyens humains et techniques considérables ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
Les explications de la surprise stratégique
On peut définir la surprise stratégique comme la réalisation soudaine d’une situation non anticipée de risques majeurs. Elle est stratégique si les intérêts vitaux de l’État ou de l’organisation sont en jeu. Le contraire d’une surprise est une prévision valide qui est, idéalement, suivie de mesures pour empêcher, amortir, voire exploiter les événements anticipés. Une prévision valide n’est pas nécessairement exacte, mais elle définit un « cône d’incertitude » en délimitant les conséquences possibles d’un événement et en mettant en valeur les variables-clés à considérer pour permettre une décision effective par l’autorité politique.
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