Le désengagement afghan des forces coalisées par l'Otan prélude à un nouvel équilibre régional stratégique dans lequel l'Inde pourrait jouer un rôle central dans de nouvelles combinaisons impliquant l'Iran, la Chine, le Pakistan et la Russie. Le pivotement américain vers l'Asie pourrait aussi renforcer la main indienne.
L'Inde, futur gendarme de l'Afghanistan ?
India, Future Policeman of Afghanistan?
The withdrawal from Afghanistan of the coalition forces of NATO preludes a new strategic and regional balance where India could play a central role in the new ploys involving Iran, China, Pakistan, and Russia. The American rotation towards Asia could also reinforce India’s hand.
Le Sommet de Lisbonne de l’automne 2010 avait officialisé le retrait progressif d’Afghanistan des troupes de l’Otan. Il entérinait le début de la phase dite de « transition » 2010-2014, phase qui s’achève cette année. Après celle-ci, la décennie 2015-2025 devrait être envisagée comme une phase de « transformation » du pays. Rappelons que le Sommet de Tokyo de juillet 2012 a aussi pris la décision d’apporter une aide de 16 milliards de dollars à l’Afghanistan d’ici à 2016, dont 230 millions fournis par la France. L’engagement de la France en Afghanistan depuis 2008 est estimé à 2 milliards d’euros en aide civile et militaire, une somme loin d’être négligeable alors que nous sommes en pleine crise budgétaire et que le ministère de la Défense la supporte pour l’essentiel (1). En novembre 2012, les forces françaises ont quitté la dangereuse vallée de Kapisa et il n’y a plus d’unités françaises combattantes en Afghanistan.
Leçons militaires afghanes : Russie, États-Unis et France
Il y a vingt-cinq ans, le déploiement pendant près de dix ans des forces soviétiques en Afghanistan se terminait dans un climat de défaite et de revers sans précédent de l’Armée rouge. Prenant de la distance, les experts militaires ont aujourd’hui réévalué cette vision dénigrante de la campagne soviétique afghane, à l’aune de l’action de politique étrangère menée à l’époque par l’Union soviétique et des objectifs tactiques et stratégiques qu’elle s’était fixés. Le dernier soldat soviétique avait quitté l’Afghanistan, le 15 février 1989. Il appartenait à la 40e Armée soviétique, alors colonne vertébrale du contingent soviétique, sous le commandement du général de corps d’armée, Boris Gromov. Le retrait soviétique militaire fut un sans-faute au point que les États-Unis en prennent exemple pour sortir de ce que l’on a coutume d’appeler le « bourbier afghan » après plus de vingt ans d’occupation du pays. Or, le retrait américain d’aujourd’hui suppose des moyens lourds d’acheminement intercontinentaux. En 1989, l’opération de retrait soviétique n’était que terrestre et via l’Asie centrale. Le problème de l’armée américaine, comme cela l’a été pour le retrait français, est d’assurer la sécurité des troupes à évacuer et le bon convoiement du grand nombre de véhicules militaires à embarquer qu’il faut prémunir contre des attaques terroristes probables. Pour réaliser cette tâche, il faut renforcer dans un premier temps les garnisons locales chargées de couvrir le départ et s’assurer de la loyauté de l’« ennemi », l’armée officielle afghane, dont on sait que les troupes officielles, comme d’ailleurs la police, subissent un taux de désertion constant et important. De régulières bavures et « incidents » montrent d’ailleurs la difficulté de ce défi.
Il reste 86 % de l'article à lire