Dans cette étude économique couvrant quatre décennies budgétaires, les auteurs pointent la nature restrictive du budget de l'État. Ils montrent que c'est la défense qui concourt le plus à l'effort de restriction budgétaire, que les dépenses d'équipement sont pénalisées par les dépenses de fonctionnement et qu'enfin, lorsque le budget de défense est en expansion, c'est plus pour des raisons conjoncturelles que pour des décisions politiques.
Cohérence entre politique budgétaire et budget de défense en France
Clarity Between Budget Policy and the Budget for Defense in France
In this economic study covering four budget decades, the authors point out the restrictive nature of the State’s budget. They show that it is defense that contributes the most to efforts of budgetary restriction, that equipment expenditures are penalized by operating costs and, finally, while the budget of defense is expanding, it is more for short-term reasons than for political decisions.
La crise économique débutée dès l’été 2007 aux États-Unis s’est propagée à l’ensemble des pays du monde en 2008. Les politiques décidées furent qualifiées de relances puisqu’elles visaient à maintenir l’activité économique par un supplément de dépenses publiques, censé remplacer la production privée. Néanmoins, la crise des dettes souveraines a impliqué la mise en place de politiques économiques de rigueur, ou tout du moins restrictives, dans la mesure où une dette publique trop élevée minorerait la croissance économique (1).
Après une progressive remontée des dépenses militaires dans la décennie 2000, la crise actuelle et les contextes budgétaires dégradés font peser de fortes contraintes sur les budgets de défense des États européens qui restent au mieux constants, voire se réduisent. Dans ce contexte de crise, les ajustements budgétaires passent généralement par la réduction d’effectifs et la baisse des investissements (2).
Les travaux antérieurs sur le cas français mettent en évidence le fait que les dépenses de défense servent de variable d’ajustement (3) (4) (5). Pourtant, les besoins de défense ne sont pas réduits. Les menaces, plus diffuses et moins facilement identifiables, requièrent une adaptation des forces armées, qui passent nécessairement par des investissements. Ces investissements sont lourds, compte tenu du coût croissant des équipements de défense d’une génération à une autre (6). Afin de dégager des marges de manœuvre en matière de gestion budgétaire, les orientations des Livres blancs sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et 2013 vont dans le sens d’une augmentation des dépenses d’équipement de la défense tout en faisant des économies sur les dépenses de fonctionnement.
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