Cette réflexion à deux voix constitue un plaidoyer pour la mise en commun de compétences et de moyens au niveau européen pour réduire les coûts d'investissement nécessaires et faire face à la réalité complexe des défis de la cyberdéfense.
Coopérations européennes en matière de cyberdéfense
European Cooperation on the Matter of Cyber-Defense
This double-sided reflection has two voices: a plea to pool expertise and resources at a European level, so as to reduce the cost of necessary investment, and a plea to face the complex reality of the challenges of cyber-defense.
Avec le développement des sociétés de l’information, le cyberespace a pris une telle importance que tous les États l’incluent désormais dans leurs stratégies de défense et de sécurité *. Considéré à l’échelle mondiale et en raison du cadre d’action des États européens, il apparaît que les États-membres n’ont d’autre choix que de s’associer pour défendre leurs intérêts nationaux dans ce nouvel espace stratégique.
Pour tout pays soucieux de sa sécurité ou désireux de protéger son économie, le cyberespace est une préoccupation majeure. La maîtrise de cet espace quasi infini de stockage et d’échange d’informations, avec ses infrastructures et équipements de tous ordres, connectés ou susceptibles de l’être, constitue ainsi un enjeu de souveraineté clairement identifié, que les États et les organisations internationales intègrent les uns après les autres dans leurs stratégies de défense et de sécurité respectives.
Toute stratégie visant à se protéger n’est utile que pour contrer une menace que l’on aura d’abord identifiée et contre laquelle le défenseur devra employer des armements adaptés et légitimes. Or, il apparaît d’emblée que le cyberespace en lui-même est un affront à tout esprit cartésien. Ainsi la menace peut avoir une origine criminelle, politique, militaire, économique, voire constituer un simple défi pour des hackers, l’ensemble pouvant être étroitement imbriqué, menant à l’émergence de menaces hybrides (1), complexes à percevoir, caractériser et neutraliser. Les auteurs de ces actions sont susceptibles de faire transiter leurs attaques par des pays où la faiblesse de l’État ne permet guère d’espérer une coopération juridique, policière et technique efficace pouvant répondre de manière satisfaisante à une quelconque requête de la part du pays ciblé. La technologie permet aussi d’utiliser des ordinateurs relais, les botnets, stationnés n’importe où dans le monde et notamment dans d’autres États-membres de l’Union européenne pour s’attaquer à nos concitoyens, à nos entreprises ou aux services de l’État. Qui plus est, le droit international conduit à mesurer soigneusement le degré de la riposte pour éviter toute perte de légitimité qui se retournerait contre le défenseur (2).
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