Dans cette première livraison, l'auteur expose la genèse de la revue stratégique faite à Londres en 2010, en expose le cadre budgétaire très contraint et en détaille la traduction missionnelle, programmatique et partenariale.
La reconfiguration de l'outil militaire britannique (1/2)
The Reconfiguration of the British Military Tool(1/2)
In this first address, the author explains the origins of the strategic review made in London in 2010, its very tight financial framework, as well as translation of the mission, programming, and partnerships.
Le cadrage programmatique
Lorsque la coalition conservatrice-libérale démocrate arrive au pouvoir en mai 2010, la question de la défense est essentiellement identifiée à la présence des 9 500 militaires dans la province d’Helmand, l’une des plus dangereuses d’Afghanistan *. Limitée à l’origine à trois ans, cette intervention, qui a très vite évolué de la stabilisation à la contre-insurrection, ne devait en fait concerner que 3 000 hommes. En mars 2010, près de 80 % des attaques au moyen d’engins explosifs improvisés (IED) enregistrées en Afghanistan se produisaient dans la province d’Helmand. En juin de la même année, le 300e militaire britannique trouvait la mort suite à l’explosion de l’un de ces engins contre lesquels les véhicules de transport blindés britanniques ont longtemps été insuffisamment protégés. Le commandement militaire sur le terrain accusait le ministère de la Défense, le MoD, de ne pas fournir les matériels appropriés – les hélicoptères notamment – en quantité suffisante et dans les délais voulus. Il aura ainsi fallu attendre 2009 pour que le contingent britannique d’Helmand reçoive les 560 nouveaux véhicules blindés (Mastiff 2, Jackal) destinés à remplacer les Land Rover Snatch et les Vector très vulnérables. Quelques officiers supérieurs et généraux qui avaient exercé un commandement dans la province allèrent jusqu’à démissionner pour alerter l’opinion sur les dysfonctionnements du MoD. Le Royaume-Uni s’était, de fait, laissé entraîner dans une véritable guerre qu’il n’avait pas les moyens de livrer efficacement.
Des moyens, le MoD n’en manquait pourtant pas, du moins sur le papier. S’agissant des équipements et matériels, ils étaient en fait pour beaucoup en voie de renouvellement (les sous-marins d’attaque, par exemple) ou en attente de livraison (l’avion de transport A400M, en particulier). Le National Audit Office (NAO) – la Cour des comptes britannique – évaluait chaque année l’avancement des quinze programmes d’armement les plus coûteux et pointait invariablement l’importance des retards pris dans les calendriers ainsi que les considérables dépassements des devis. Dans son dernier rapport publié avant les élections, il faisait également état d’un décalage de 36 milliards de livres sterling – l’équivalent du budget annuel du ministère – entre le coût des programmes engagés au cours des dix années à venir et les crédits dont disposait le MoD.
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