En récapitulant les dés de la stabilité stratégique, l'auteur expose qu'elle est une tension, un moment éphémère et difficilement contrôlable, hier et plus encore aujourd'hui, où elle n'est plus bipolaire et de moins en moins une question nucléaire. Imparfaite, partielle et temporaire, cette stabilité est-elle moralement souhaitable ?
Un paradigme perdu ? La « stabilité stratégique » hier, aujourd'hui, demain
A Lost Paradigm? “Strategic Stability” Yesterday, Today, and Tomorrow
In recapitulating the keys to strategic stability, the author exposes that strategic stability is tension, ephemeral and difficult to control, yesterday and even more so today, where the world is no longer bipolar and the nuclear question matters less and less. Imperfect, partial, and temporary; is this strategic stability morally desirable?
La « stabilité stratégique » est une expression née de la guerre froide, qui n’avait pas de définition officielle à l’époque, mais dont les principaux éléments étaient assez bien identifiés : avant tout, éviter une guerre nucléaire et, de manière subsidiaire, limiter la course aux armements. On peut l’entendre aussi dans un sens plus large, celui d’un cadre international permettant de limiter le risque de conflit entre grandes puissances et, au-delà, d’offrir une certaine prévisibilité du comportement des grands acteurs sur la scène mondiale (1).
Dans l’une ou l’autre de ces acceptions, la stabilité stratégique n’a jamais été, contrairement à une idée reçue, une affaire simple. Elle ne l’était pas au temps de la guerre froide. Elle était encore plus complexe et difficile à atteindre dans le contexte de l’après-guerre froide. Et elle risque de l’être encore plus à l’avenir.
La stabilité stratégique hier
La stabilité stratégique au temps de la guerre froide était une question complexe et que l’on ne peut résumer au paradigme de la « destruction mutuelle assurée », c’est-à-dire à l’idée selon laquelle la vulnérabilité des territoires nationaux des États-Unis et de l’Union soviétique était la pierre angulaire de l’édifice stratégique visant à éviter la guerre (2).
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