L’espace aérien européen encombré doit être partagé. Vols civils et militaires doivent y cohabiter en bonne intelligence et en toute sécurité. Le projet de « ciel unique européen » qui se développe par étapes depuis les années 1990 est le moteur d'une coopération civilo-militaire qui commence à porter ses fruits.
La surveillance et la défense de l'espace aérien européen
Surveillance and Defense of European Airspace
The crowded European airspace must be shared. Civilian and military airplanes should coexist in good faith and all security. The project of a “uniquely European sky,” which has developed itself in steps since the 1990's, is the driving force of a civilian-military cooperation that starts to bear fruit.
La construction de l’Europe de la défense ne passe pas par la seule capacité à produire des forces aptes à être projetées en opération extérieure sous la bannière de l’Union européenne. Elle comporte aussi un volet de protection et de défense du continent, dont celles de l’espace aérien. À cet égard, le retour de la France dans la structure militaire intégrée de l’Otan et l’avènement du « ciel unique européen » constituent deux défis d’importance à relever dans les années à venir en matière de police du ciel et de partage de l’espace aérien entre utilisateurs civils et militaires.
La sûreté aérienne et la police du ciel
Elle consiste à assurer la souveraineté d’un État dans son espace aérien et à empêcher son utilisation par un éventuel agresseur. Les attentats du 11 septembre 2001 ont conduit les nations européennes, en particulier la France, à relever significativement leur niveau de vigilance et à mettre en œuvre des dispositifs de protection renforcés qui, jusqu’à aujourd’hui, se sont montrés efficaces. Il ne s’agit donc pas de changer un processus gagnant : nous verrons plus loin en quoi ce principe amène à s’interroger pour préserver cette capacité opérationnelle au-dessus du territoire national au sein d’un « ciel unique européen ».
La chaîne d’engagement de la défense aérienne comporte trois piliers indispensables et complémentaires. D’abord, la connaissance des mouvements aériens atterrissant et décollant des aéroports et des aérodromes du pays, et de ceux transitant dans l’espace aérien, nécessite de tenir à jour une situation aérienne générale (SAG) basée sur la classification de chaque vol selon différents paramètres. Cette SAG requiert une capacité de détection et d’identification reposant sur un maillage radar, des relais radio couvrant tout le territoire, des centres de contrôle fusionnant ces détections et une collaboration étroite avec les services de la navigation aérienne français et les centres militaires de conduite de nos voisins alliés. Ensuite, dans la mesure où la vitesse des aéronefs l’exige, une haute autorité militaire doit pouvoir prendre des mesures conservatoires en temps réel, notamment l’interception d’un aéronef suspect, et alerter à tout moment l’autorité politique en charge de prendre ou non une décision ultime d’ouverture du feu dont les répercussions sur la population, la crédibilité du pays voire la stabilité mondiale peuvent être considérables. L’appréciation de situation et l’évaluation de la menace contraignent ces autorités à disposer d’une structure étatique robuste et décloisonnée de renseignement adapté. Enfin, quand la décision est prise, il convient de mettre en œuvre des moyens d’action, consistant le plus souvent en aéronefs en alerte à court préavis dont les équipages deviennent les yeux et le bras armé des autorités au sol.
Il reste 85 % de l'article à lire
Plan de l'article