La comparaison entre la crise du Kosovo et celle de Crimée est féconde mais irrite les dirigeants serbes qui ménagent Bruxelles et Moscou. Peut-on réellement penser la géopolitique de l'Europe en excluant la Russie ?
La Serbie après l'Ukraine
Serbia after Ukraine
The comparison between the crisis of Kosovo and that of Crimea is productive but irritates the Serbian leadership which threatens Brussels and Moscow. Can one genuinely think of European geopolitics without Russia?
Les événements qui continuent d’agiter l’Ukraine ont suscité chez nombre de commentateurs des interprétations qui, au-delà de positionnements contrastés, convergeaient pour faire de la péninsule balkanique la référence centrale, une sorte d’étalon de la présente crise. Cette région associée à un passé tumultueux a certes été marquée par la résurgence de questions identitaires sur fond de conflits ethniques dont les braises menacent toujours de se raviver à la faveur d’un événement qui viendrait troubler un équilibre régional encore précaire. Reste à analyser l’impact de la crise ukrainienne de 2014 sur les choix politiques des gouvernements de la région balkanique et en tout premier lieu, ceux de la Serbie.
La crise ukrainienne a démontré à son acmé que l’Ukraine, construction nationale aussi fragile que tardive, était confrontée à un dilemme cruel : soit l’ancrage dans l’Union européenne, soit le partenariat privilégié avec Moscou. Sans disserter ici sur la pertinence des scénarios possibles compte tenu de la dégradation de la situation économique ukrainienne, qu’il soit permis d’indiquer simplement que le choix d’un partenariat exclusif avec l’Union européenne apparaît néanmoins des plus discutables au regard de simples considérations pragmatiques bien étrangères aux passions idéologiques du moment. Dans un contexte marqué par ce regain de tensions entre l’Union européenne et les États-Unis d’un côté et la Russie de l’autre, la région balkanique demeurera l’une de ces plaques tectoniques où tout déséquilibre affectant ce monde en gestation est susceptible de produire, même par ricochet, un effet dont l’amplitude et les conséquences sont difficiles à évaluer.
Pour dérouler l’écheveau de l’analogie invoquée aux moments saillants de cette crise, un maître mot affleure de manière plus ou moins consciente, avec le faible recul historique d’experts médiatisés asservis aux contraintes du décryptage en temps réel, celui de fédération.
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