Castex, dès 1929, analyse la cohérence stratégique de l'Empire colonial français qui se développa sans vision géostratégique d'ensemble et sans sûreté navale. Il propose d'y pallier, mais sans vision géopolitique et géoéconomique.
En relisant Castex, notre stratégie coloniale
Rereading Castex, Our Colonial Strategy
Castex, in 1929, analyzed the strategic coherence of the French colonial empire that had developed without a coherent geo-strategic vision or naval assurance. He proposed to alleviate it, but without a geo-strategic or geoeconomic vision of his own.
L’amiral Castex consacre le Tome III de ses Théories stratégiques aux « facteurs externes de la stratégie ». Il en distingue trois, qui balisent le livre en trois parties : « la politique », « la géographie » et, regroupées, « les coalitions, l’opinion publique et les servitudes ». Dans la deuxième partie, géographique, il consacre le quatrième et dernier chapitre à « L’expansion coloniale et la stratégie navale ». Il relie la stratégie coloniale à la stratégie navale par l’incidence du facteur géographique : procédant à l’inventaire des composantes du domaine colonial français, désignant ses faiblesses et leurs dangers, il montre combien le facteur géographique pèse sur la sécurité et sur le devenir de pans entiers de l’Empire français. Il déplore que l’expansion coloniale se soit faite sans analyse stratégique globale, sans prise en compte des sujétions et incidences de la géographie, ainsi que des capacités de la flotte à servir cet Empire colonial.
Le premier jet de cette analyse date de 1929 puis le texte fut réactualisé en 1939 et en 1946, sans en altérer les conclusions initiales. Pour Castex, la stratégie coloniale est conditionnée par la stratégie navale. Cette logique le conduit à proposer des « plans d’action » qui consistent pour la France à se défaire sans délai de toutes ses possessions coloniales autres que le bloc Afrique-Madagascar.
L’intérêt de relire cette centaine de pages nous a paru double : 1) Apprécier l’analyste Castex : à partir de l’état des lieux qu’il dresse de notre domaine colonial de l’entre-deux-guerres à 1945, le plan de réduction drastique qu’il suggère est-il pertinent ? ; 2) L’apport pédagogique : connaissant la suite de notre histoire coloniale, quelle leçon l’historien – ou le politique – peut-il tirer de cette analyse, quelle confiance accorder au stratégiste militaire traitant un problème de géopolitique ?
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