L’amour aussi s’arme d’acier
L’amour aussi s’arme d’acier
Ce roman, inspiré de faits réels, raconte l’histoire de Francis Dubreuil, soldat du génie, sur la RC4, la route coloniale n° 4, en Indochine, où les combats entre le Corps expéditionnaire des forces d’Extrême-Orient et le Viêt Minh préludaient déjà Diên Biên Phu. Entre ce personnage et Lily, une jeune ambulancière, une romance naîtra dans le fracas des armes pour finir dans l’insouciance parisienne « qui confond RC4 et 4 CV ».
Après un rappel historique des événements en Indochine fin 1947, le chapitre II « Sur la route du sang » nous entraîne directement dans l’horreur de la guerre.
Dans un village, cinq paysans ou Viêts, « on ne sait pas », sont fait prisonniers, dont une femme. « Bien entendu, Francis ne surveille pas ses hommes la nuit. Au bout de quelques jours, la femme est exténuée ». « Marcher le jour, être violée la nuit ». Francis sera obligé de s’en débarrasser en l’emmenant à la « corvée de bois », pour maintenir la progression de la troupe, « en commettant le geste qu’il ne se pardonnera jamais » ! Avec son détachement, il passe et « dans les villages, on découvre des corps de combattants français empalés, énucléés, émasculés, crucifiés, sciés, coupés en morceaux… ». D’un côté comme de l’autre, il n’y a pas de guerre propre, mais la presse métropolitaine dénonce les tortures pratiquées par les soldats français, « les SS de Leclerc » ! Sur la route sanglante, la cruauté et la violence sont extrêmes. On apprend qu’à cause d’ordres aberrants, l’affrontement le plus féroce de la guerre d’Indochine fut celui de la cuvette de Coc Xa du 3 au 7 octobre 1950 : une centaine d’hommes seulement sur 7 000 y ont survécu, dont 23 sur les 1 000 paras légionnaires largués en renfort. Et le général Giap de conclure : « L’erreur fondamentale des Français a été de voir les choses dans l’optique de stratèges bourgeois ».
Claire Fourier, historienne de formation, a produit un récit puissant, cruel et poétique dans lequel se mêlent la guerre et la beauté d’un amour généreux. Le général Guy Simon, jeune lieutenant durant la guerre d’Indochine (1), lui a lancé : « Vous y étiez ! ».
(1) Guy Simon : Chroniques de Cochinchine (1951-1956) ; Lavauzelle, 2004 ; 324 pages.