Après avoir rappelé la nature de l'administration du Levant d'abord par l'Empire ottoman pendant quatre siècles puis par le mandat français pendant plus de vingt-cinq ans, l'auteur relève dans la politique turque, face à la guerre civile syrienne, des tentations néo-ottomanes de promotion de l'Islam politique sunnite et, dans la politique française, un retrait de la protection traditionnelle des minorités.
Le double héritage de l'administration ottomane et du mandat français dans la crise du Levant
A Double Heritage of Ottoman Administration and the French Mandate Behind the Crisis in the Levant
After outlining the four centuries of Ottoman Empire administration of the Levant, and then the French Mandate, which lasted over 25 years, the author takes a look at current Turkish and French policies. In the face of the Syrian civil war, Turkish policy reveals vestiges of neo-Ottoman thinking in its promotion of Sunni Islam politics. French policy, on the ether hand, reveals a retreat from its traditional protection of rninorities.
Alors que la Syrie est ravagée par une guerre civile terrible depuis bientôt trois ans, il semble utile de revenir sur l’histoire mouvementée de ce pays de très ancienne civilisation. La Syrie est en effet indépendante depuis 1946, mais pendant des siècles, elle fut occupée par plusieurs puissances étrangères (1) qui se succédèrent à la tête du Bilad-el Cham (2).
Il convient de se pencher plus particulièrement sur l’action des deux dernières puissances occupantes, l’Empire ottoman – qui administra la Syrie de 1517 à 1918 – et la France – qui fut la puissance mandataire du pays de 1920 à 1946. Non seulement ces deux États ont laissé une empreinte politique et culturelle profonde sur la Syrie moderne, mais il se trouve aussi que la France et la Turquie – l’héritière de l’Empire ottoman – sont aujourd’hui très impliquées dans le règlement de la crise syrienne.
Il n’est donc pas inutile de se demander si l’héritage laissé par ces deux puissances joue encore un rôle dans l’actuelle crise syrienne et, plus précisément, dans les postures politiques adoptées par la France et la Turquie.
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