En reprenant un à un les jeux d'acteurs dans la région et en évaluant les options qui s'offrent à chacun pour défendre ses intérêts et son influence, l'auteur conclut à une vraisemblable fluidité des relations, des partenariats et des alliances dans un jeu plus westphalien que tenant du multilatéralisme classique.
Quelle place pour le Levant dans un Moyen-Orient à géométrie variable ?
Where does the Levant Stand in a Changing Middle-East?
By examining one by one the moves made by players in the region, the article evaluates the options open to each to defend his interests and his influence. The author's clear conclusion is that there is apparent an ever changing state of relations, partnerships and alliances in a game more reminiscent of Westphalian politics than of conventional multilateralism.
Pour conclure ces réflexions, peut-être conviendrait-il de réfléchir à la manière dont pourraient être amenés à se positionner les différents États du Levant dans le nouveau paysage géostratégique qui est en train de se dessiner au Moyen-Orient. Car depuis le pourrissement de la crise syrienne et la perspective d’une normalisation des relations entre les États-Unis et l’Iran, la donne a changé dans cette région. Auparavant, les choses étaient simples : chaque État se positionnait pour ou contre le leadership américain. Aujourd’hui, demain davantage encore, les options seront beaucoup plus variées, laissant entrevoir une région levantine pas forcément plus instable, mais certainement plus imprévisible.
Contrairement à ce que redoutent ou espèrent certains, les États-Unis ne devraient pas se désengager du Moyen-Orient. Chuck Hagel, Secrétaire à la Défense, ne cesse de rappeler que le Pentagone maintiendra son dispositif de 35 000 hommes dans la région et qu’il y renforcera ses moyens aériens et navals. Simplement, les États-Unis n’interviendront plus militairement à toute occasion, mais seulement dans trois cas bien balisés : une entrave à la liberté de circulation maritime, notamment au niveau du canal de Suez ou des détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb ; une atteinte grave à la sécurité des citoyens américains ; une menace vitale contre la sécurité d’Israël.
Après avoir soutenu les insurrections arabes, Barack Obama a constaté que ces soulèvements n’ont pas abouti aux résultats escomptés, le Moyen-Orient ne s’étant ni démocratisé, ni apaisé. Il privilégie aujourd’hui le statu quo, conscient qu’il ne peut être en même temps au chevet des démocrates arabes, au four américain et au moulin asiatique. La Maison-Blanche semble revenir aux vieilles recettes qui ont fait leurs preuves dans les années 1970 : un tête-à-tête avec le Kremlin pour gérer les crises les plus graves et un dialogue stratégique avec les trois États non arabes de la région (Turquie, Israël et Iran) pour trouver une solution aux crises de moindre importance. L’administration américaine semble désormais convaincue qu’une solution aux crises irakienne et syrienne passe nécessairement par un dialogue avec Moscou et Téhéran.
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