Le Golan, un enjeu majeur au cœur du Proche-Orient (mars 2001)
Le Golan fait partie intégrante de la République syrienne et le désir irrédentiste de recouvrer cette parcelle du territoire national confisquée, s’appuyant d’ailleurs sur les résolutions des Nations unies, hante toujours la Syrie. Pourtant Israël, avec l’appui inconditionnel des États-Unis, ignore superbement la résolution 242 du Conseil de sécurité de novembre 1967 condamnant « l’acquisition des territoires par la force » et ordonnant leur restitution. L’implantation de colonies juives et son annexion formelle en décembre 1981 sont ressenties par Damas comme des amputations insupportables à sa souveraineté. La restitution intégrale du Golan est une condition préalable à tout progrès du processus de paix entre les deux pays.
Le modeste plateau volcanique du Golan d’un millier de kilomètres carrés est situé sur un contrefort de la chaîne montagneuse de l’Anti-Liban, dans la région du sud-ouest de la Syrie à laquelle il appartient. Avec le mont Hermon qui le domine de ses 2 827 mètres, il constitue à la fois un ensemble géostratégique et un haut lieu géopolitique majeurs dont Israël et la Syrie, adversaires irréductibles depuis la création de l’État hébreu en 1948, se disputent la possession. Son histoire est liée aux événements des années 20. Avec les traités qui concluent la Première Guerre mondiale, l’Europe met en place au Proche-Orient le système des mandats et, conformément au plan de partage de l’Empire ottoman (Accord Sykes-Picot, 1916), la conférence de San Remo fait du Golan une partie intégrante du mandat sur la Syrie qui est attribué à la France. Le général Gouraud s’installe alors à Damas et l’armée française contrôle militairement la région.
Le Golan, qui relève toujours de la souveraineté de la Syrie, est occupé par Israël après sa victoire sur les forces arabes coalisées dans la guerre des Six-Jours (1967), puis annexé par une décision de la Knesset le 14 décembre 1981 en dépit des protestations internationales (1). Il est, à la fois, l’une des pièces maîtresses du dispositif défensif de l’État hébreu et une sorte d’Alsace-Lorraine perdue à reconquérir pour la Syrie. Sur ses hauteurs rocailleuses s’est déroulée la plus grande bataille de chars de la seconde moitié du XXe siècle.
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